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Nouvelle Feuille
11 juillet 2009

Lippi, père et fils

Jusqu'aux premiers jours d'août se tient dans le minuscule musée du Luxembourg, à Paris, une exposition consacrée à la famille Lippi et à la Renaissance à Prato. Prato est une petite ville de Toscane à quelques kilomètres au nord de Florence. Comme toujours avec ce musée, l'exposition est assez claire au niveau des expositions et les oeuvres présentées sont plus qu'intéressantes.

A la fin du Moyen Age (à vrai dire dès le milieu du XIVe s.), cette ville, à l'instar de toute la Toscane et en particulier de la grande soeur florentine, a connu un essor économique spectaculaire, doublé d'un essor artistique majeur. Car quand une ville s'enrichit à ce point, les chantiers abondent, il faut construire ou refaire églises, palais, etc... et le mécénat artistique se fait important.

Parmi les artistes qui participent à cette Renaissance dans la ville de Prato, il y a Filippo Lippi, dont l'exposition met bien en valeur le rôle majeur. Ce Lippi est un moine défroqué dont la vie dissolue et les multiples escroqueries lui ont valu la prison et le délicat supplice de l'estrapade. Plus tard, il séduit une nonne qu'il conduit à se se défroquer et lui fait (au moins) un enfant: Filippino Lippi, lui aussi futur artiste majeur de la Renaissance. Seule la protection éclairée de Côme de Médicis évitera à Lippi de subir le très mauvais sort que sa vie douteuse lui aurait sans doute value.

Lippi1

(Filippo Lippi, La Nativité avec Saint Georges et Saint Vincent Ferrier)

Au-delà de ses moeurs pécheresses, Lippi est un artiste de grand talent, très demandé, qui installe ses ateliers à Prato. L'exposition a ce mérite de replacer la chronologie des influences réciproques: Lippi est influencé par un autre moine bien moins scandaleux: Fra Angelico. Lui-même forme Botticelli qui à son tour sera le maître de Filippino Lippi.

Boticelli

(Botticelli, Vierge à l'enfant avec Saint Jean-Baptiste enfant, vers 1490)

Bien évidemment, nous sommes là en pleine Renaissance italienne, les thèmes et l'iconographie sont souvent douces, sereines, les portraits un peu idéalisés... très loin des monstres effrayants et des sanglantes souffrances de la peinture rhénane (cf. la note précédente consacrée au retable d'Issenheim).

Lippi2

(Filippo Lippi & Fra Diamante, Vierge à la ceinture)

Comme toujours avec le musée du Luxembourg, il s'agit d'une très belle exposition qui à l'intérêt de nous brosser en finalement assez peu de pièces, une époque ou un style artistique. Ainsi, il convient de signaler  la bonne introduction qui est faite à cette exposition par le biais de quelques sculptures, non sans rappeller l'influence déterminante de Donatello sur l'ensemble de la Renaissance italienne. L'exposition s'achève sur l'oeuvre de Filippino Lippi et les débuts du maniérisme tandis que Prato est intégrée au sein du territoire de sa puissante voisine: Florence.

Donatello

(Donatello, Vierge à l'enfant, anges et prophètes, 1420-1430)

Un bémol néanmoins, le tarif assez prohibitif de cette exposition (près de 10 euros) alors même que le musée du Luxembourg est vraiment petit. Cette exposition mérite tout de même un détour, à la fois par la clarté de sa muséographie et le côté inédit des oeuvres présentées (dont la plupart n'étaient jamais sorties d'Italie jusqu'à présent). Et cerise sur le gâteau, il n'y avait pas beaucoup de visiteurs ce jour-là...

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