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Nouvelle Feuille
13 septembre 2009

Se pomponner autrefois...

Quelle bonne idée d'avoir consacré une exposition à produits de beauté et aux soins du corps dans le temps long, et quelle bonne idée de l'avoir organisé conjointement entre le Musée du Moyen Âge de Cluny (Paris) et le Musée de la Renaissance (Ecouen)!

C'était l'occasion de (re)découvrir ces deux magnifiques musées et de faire une incursion hors des domaines purement évènementiels ou artistiques pour toucher à ce domaine moins souvent exploré qu'est le quotidien de nos ancêtres, de l'Antiquité romaine à la Renaissance.

A Cluny tout d'abord, ce fut l'occasion de s'aventurer dans les parties nouvellement ouvertes du musée et celles remises en musée depuis peu.

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(Dans une des nouvelles salles du musée, une ode au vin taillée dans la pierre)

On a ainsi pu voir la salle d'arme et quelques salles consacrées à des éléments divers, notamment de la vie quotidienne, avec entre autres un superbe jeu d'échecs médiéval, des tentures illustrant la vie seigneuriale, quelques jeux et cartes à jouer et surtout, à mon sens très intéressant, une dinette d'enfant, magnifique, avec petits pots, cruches, couteaux, grille à viande, poele. A mon sens, malgré leur petite taille, des pièces tout à fait formidables, du XVe s., qui pourraient me permettre d'avancer un peu sur le sujet des jouets d'enfants auxquels j'ai déjà consacré quelques modestes propos (Cf. ces trois notes: Un, deux et trois).

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(Dinette, XVe s.)

De façon exceptionnelle pour cette exposition, le musée à ouvert, après des années de fouilles et de travaux, le frigidarium des thermes de Cluny, témoignage tout à fait intéressant du mode de vie romain en Gaule et de l'importance prise par Lutèce à l'époque gallo-romaine.

La partie de l'exposition située dans le frigidarium traite donc du sujet "Le bain et le miroir" sous l'Antiquité. Las, si les objets sont très beaux ou très instructifs, en particulier en ce qui concerne les différentes poudres, fards, onguents et cosmétiques et leurs contenants, quelle idée a donc piquée les conservateurs du musée de vouloir, en lieu et place des habituels cartels, préférer des cartels "informatiques", qui tombent en panne parfois et surtout ne permettent pas de se concentrer sur le texte qu'il affiche vu que celui-ci change toutes les dix secondes pour passer à une explication sur l'objet suivant. Cela rend au final la visite beaucoup moins agréable et plus superficielle. Un TRES gros bémol à ce sujet.

Pour le reste, la partie antique était consacrée essentiellement aux cosmétiques et aux apports de la chimie pour mieux les comprendre, ainsi qu'à l'art de la coiffure à travers la statuaire des empereurs et impératrices romaines, aux coiffes parfois fort improbables.

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(Tenture de la vie seigneuriale, Le bain, Pays-Bas, début XVIe s.)

La partie médiévale, tout comme l'antique, aborde également les discours tenus autour du corps et de ses apprêts. Entre les louanges de certains Anciens et les sermons de Saint Augustin...

Beaucoup d'objets et de représentations sont exposées, permettant de se faire une idée du raffinement du Moyen Âge qu'on imagine trop souvent barbare. De superbes peignes, miroirs et autres instruments témoignent de la façon qu'on y a de s'apprêter, de se laver. Les parties consacrées à la coiffure sont édifiantes avec quelques exemples de coiffes qu'on imagine d'apparat, très sophistiquées. Quelques manuscrits complètent le tout.

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(Buste de sainte)

Seul bémol (en plus des peu pratiques cartels informatiques), bémol qui se retrouve à Ecouen: n'est évoqué que la vie des nobles et des gens aisés. A Ecouen sont même évoqués les artisans, mais pas le petit peuple et la façon dont il pouvait envisager les soins corporels selon les époques, ce qui est un peu dommage.

Quelques jours après cette balade à Cluny, nous sommes donc allés revoir le beau château-musée d'Ecouen, bijou d'architecture renaissance né de la volonté du grand connétable Anne de Montmorency.

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(Château d'Ecouen, cour)

La partie de l'exposition située dans ce musée est à mon sens encore plus intéressante que celle de Cluny, ne serait-ce que par l'absence des odieux cartels gigotants. L'ennui c'est que les salles sont souvent trop sombres pour faire la moindre photo.

Une partie de l'exposition traite, à l'aide d'oeuvres d'art, du passage des bains collectifs (ou étuves) soupçonnés de favoriser la lascivité, le péché et la luxure, au bain aristocratique, de bon ton et de bon goût entre gens bien nés, où l'on se trempouillait gentiment jusqu'à mi-corps, le plus souvent habillé, dans un bain léger et parfumé, a discuter au son d'une douce musique.

Une autre partie est consacrée à la cosmétologie et à l'abondante littérature, plus ou moins éclairée, qui circulait à ce propos. Cela pouvait aller de traités réellement savants à de la vulgarisation confinant à la dangereuse arnaque, tant les matières préconisés ressemblent à des ingrédients pour sorcières, voire à des poisons (à base de plomb, de mercure).

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(Petit flacon à cosmétiques, Venise, fin XVIe s. - début XVIIe s., Musée d'Ecouen)

Parmi les choses curieuses et très révélatrices du raffinement de cette époque, il y a divers objets, comme ces curieux petits batonnets avec d'un côté un cure-ongles et de l'autre un cure-oreilles. Mais surtout, l'aspect le plus intéressant est celui des bijoux de senteurs, en particulier les pommes de senteurs, ces petits bijoux qu'on tenait attachés à une chaine assez loin de sa peau, et qui s'ouvraient pour être garnies de différentes pâtes parfumées. Au travers de ces curieux bijoux, on fait une entrée dans un monde au-delà des livres et des oeuvres d'art, un monde évanouï, celui des senteurs.

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(Pomme de senteur, Pays-Bas, 1610-1620. Contenait de la rose, de la cannelle, du clou de girofle, de l'angélique, de la muscade et du balsamum apoplecticum, Rijksmuseum, Amsterdam)

Cette exposition était également l'occasion de découvrir une partie habituellement fermée du château et exceptionnellement ouverte du fait de son lien avec le thème: l'appartement des bains du connétable de Montmorency. Celui-ci est composé de plusieurs salles à la décoration discrète mais plutôt jolie.

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(Dans la salle d'étuve de l'appartement des bains)

Dans cette salle sont également exposés des mascarons originaux qui ornaient le Pont Neuf. Ils sont particulièrement vilains, jugez-en vous-mêmes...

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(Mascarons)

Voilà... En somme, je vous recommande, si vous êtes rapides, ces deux expositions qui ferment le 21 septembre!

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