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Nouvelle Feuille
13 avril 2010

Chimères...

"Toutes les sciences ont leur chimère, après laquelle elles courent, sans la pouvoir attraper; mais elles attrapent en chemin d'autres connaissances fort utiles." Fontenelle

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(Un ours boxeur s'est caché dans cette photo. Sauras-tu le retrouver?)

C'est une vente aux enchères peu banales qui me donne l'occasion d'enfin réécrire une note pour ce blog. Il s'agit de la vente (et donc, hélas, de la dispersion) de la collection de taxidermie du professeur Copperthwaite (Dorset, Angleterre). Outre une belle collection d'animaux empaillés cette collection a le mérite de comporter plusieurs pièces composites, formées de deux ou trois animaux, visant à créer des animaux fabuleux ou chimériques, visiblement très prisés des collectionneurs du XIXe s. On y trouve ainsi un chat volant, une licorne, une invraisemblable chauve-souris ou un porc frisé...

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(Si quelqu'un a un nom pour cette bestiole, je suis preneur...)

Au passage, et comme de juste avec une telle collection, le professeur Copperthwaite qui en serait à l'origine n'aurait tout simplement jamais existé et sa collection serait en fait le regroupement de plusieurs collections d'époque essentiellement victorienne. (pour fouiller un peu plus le sujet, cet article, hélas en anglais: http://www.dailymail.co.uk/news/article-1265284/Yetis-unicorns-flying-kittens-Inside-worlds-zaniest-zoo.html)

Il faut dire que ce fut, dès la fin du XVIIIe s. et plus encore au siècle suivant, une grande mode que la collection de "curiosités" de toutes sortes. Ainsi, on vit apparaître, dans des domaines comme l'archéologie, l'histoire, les sciences naturelles et l'art, des pièces parfois tout à fait authentiques et surprenantes, et d'autres - non moins surprenantes - mais totalement inventées dans le but d'étonner, mais surtout de tromper et d'arnaquer contre de l'argent véritable lui, toute personne susceptible de vouloir acquérir ladite pièce. Les amateurs de pièces archéologiques ont notamment été souvent les victimes de ce genre de pratiques: c'est le cas des très célèbres crânes de cristal ou de la beaucoup moins connue tiare de Saitapharnès (dont un certain Obélix nous raconte l'histoire ICI (à partir du 5e message).

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(A priori, un yéti)

Bref. Cette passion du faux, du traficotage et de la carabistouille a donc touché aussi le monde scientifique qui s'est régulièrement fait emberlificoter par des canulars comme ceux de la truite à fourrure, merveille de la sélection naturelle au pelage lui permettant de survivre à la fraîcheur des torrents canadiens. Il parait qu'un exemplaire se trouve au Museum d'Histoire Naturelle de Paris. A vérifier.

La collection vendue en Angleterre prochainement ressort totalement de cette passion pour les monstres et la cryptozoologie. L'on réclamait du farfelu et des êtres hybrides monstrueux? D'habiles taxidermistes se faisaient une joie de pallier aux manques de la Nature...

Mais, parmi tout ce fatras de bêtes improbables, il y a un cas, encore plus étonnant: l'ornithorynque. En effet, les supercheries étaient si courantes à la fin du XVIIIe s. et au XIXe s. que la découverte en Australie de cet animal bien réel fit croire à un canular et à un animal chimérique inventé par un taxidermiste asiatique.

Ainsi, quand, peu après sa découverte, en 1799, un spécimen empaillé arrive à Londres, George Shaw, le conservateur du département des "Productions artificielles et naturelles" du British Museum l'étudie et le décrit dans un journal scientifique, non sans signaler la grande possibilité d'une supercherie: "impossible not to entertain some doubts as to the genuine nature of the animal, and to surmise that there might have been practised some arts of deception in its structure." Ce qui veut dire, en gros, qu'il est impossible de ne pas émettre des doutes sur la véritable nature de cet animal et que les arts de la tromperie auraient pu être utilisés pour le créer.

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(Ornithorynque)

Bref, plus tard, heureusement, le chirurgien Robert Knox donna l'explication: il s'agissait tout simplement du travail de marins chinois, spécialisés dans l'art de coudre ensemble des bestioles différentes pour les revendre ensuite aux aventuriers Européens crédules. Quand en plus des récits sur les moeurs de cet animal sans mamelles, mais allaitant ses petits... et pondant des oeufs, arrivèrent, tous conclurent que cette fois le canular allait un peu trop loin.

Bien que les scientifiques semblent en avoir été convaincu plus tôt (autour de 1820 avec les premières observations de cet animal vivant), le grand public n'a découvert l'ornithorynque que dans les années 1930 grâce à des reportages du National Geographic. Depuis, personne n'a remis en cause l'existence véritable de cette sympathique bestiole encore plus étrange que toutes les fictions de taxidermistes.

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(Ce chaton peut tomber de votre balcon tant qu'il lui plaira!)

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