Journées du patrimoine (III): Le ministère de l'agriculture

Avant de commencer cette note, je tiens à signaler (et à remercier) le personnel qui nous a accueilli, que ce soit à Matignon ou au Ministère de l'Agriculture. A chaque fois, tous furent d'une extrème courtoisie et le côté agréable de la visite n'en fut que renforcé. Fin de la parenthèse.

Après la visite de Matignon, nous sommes revenus sur nos pas dans la rue de Varenne. L'hôtel de Villeroy, qui abrite le ministère de l'Agriculture, était ouvert... alors nous sommes entrés.

La visite s'est révélée intéressante. En fait, l'ensemble est beaucoup moins exceptionnel que l'hôtel de Matignon, mais la visite étant très complète, on y comprend un peu mieux le fonctionnement d'un ministère.

La façade de cet hôtel particulier du XVIIIe s., construit en 1724 pour le banquier suisse Hogguer qui l'offrit à sa maîtresse l'actrice Charlotte Desmares, était hélas en travaux. Nous pénétrons donc dans l'édifice.

La visite débute par la salle à manger, une jolie salle avec un beau lustre, mais qui paraît presque austère en regard de ce que nous venions d'admirer à Matignon.

(Grande salle à manger)

La salle des conseillers qui vient ensuite, est également aménagée en salle à manger et dressée avec une vaisselle de prix.

(Salle des conseillers)

On passe ensuite par plusieurs bureaux de conseillers, agréables sans être pour autant remarquables, il nous permette de jeter un oeil sur le fonctionnement d'un ministère et d'imaginer le travail et l'agitation qui doit y régner la plupart du temps. Le premier bureau accueille une bonne demi-douzaine de conseillers tandis que d'autres de ces personnages ont droit à un bureau personnel.

(Bureau de conseillers)

L'un des conseillers, dans son petit bureau personnel, n'hésite pas à afficher son affection pour son ministre:

(Bureau d'un conseiller)

La visite se poursuit encore par divers bureaux, puis par l'antichambre, première pièce à être véritablement décorée d'oeuvres intéressantes, en l'occurence des tapisseries des Gobelins, du XVIIe s., l'une représentant la Reddition de Marsal et l'autre illustrant un épisode de Don Quichotte.

(Le vol de l'âne, XVIIe s., Antichambre)

Nous redescendons par l'escalier d'honneur qui nous mène vers le bureau du chef de cabinet, toujours décoré de tapisseries des Gobelins. Même chose dans le bureau du ministre. Une console est encombré de sculptures, de livres, de fleurs, de photos. Tout cela semble un peu plus naturel qu'à Matignon.

(Bureau du ministre de l'Agriculture)

Même si l'on a probablement ôté ce qui pourrait poser problème (documents, etc), ce qui traîne sur le bureau sent moins la mise en scène. Détail charmant: un mignon petit lapin en peluche gît sur le bureau du ministre, près du téléphone.

(Un mini-spouiki près du téléphone)

La visite de l'intérieur de l'hôtel de Villeroy est achevée, mais pas encore celle du ministère. Nous ressortons donc par la cour où nous sommes entrés, pour aller ensuite dans le petit jardin où poussent quelques plantes aromatiques et une grande copie de l'Enlèvement de Proserpine par Pluton de Girardon.

(Jardins du ministère de l'Agriculture)

La visite se poursuit par un long bâtiment annexe assez peu intéressant (quelques bureaux assez neutres, des vidéos sur le monde rural, des actions du type "Un fruit pour mon goûter", etc). En fait, la seule partie intéressante de ce bâtiment, c'est la salle Sully. Cette grande salle remplie d'allégories de l'agriculture et du commerce (les deux vocations de ce ministère à l'origine) est très représentative de l'art officiel de la fin XIXe s., qu'il faudrait qualifier d'art "IIIe République".

(Salle Sully, plafond)

En pratique, cela se fait au moyen d'allégories multiples, présentent aussi bien au plafond (gerbe de blé, tête de Cérès, etc), sur la cheminée (décorée de deux statues allégoriques: le commerce et l'agriculture) que sur les murs, où s'étalent de grandes fresques réalisées par le peintre Jean-Paul Sinibaldi. Le tout est assez harmonieux.

(Jean-Paul Sinibaldi, Célébration de l'agriculture, 1901)

Nous croisons, en sortant de cette salle, le regard de Parmentier, qui donna aux Français le goût de la pomme de terre (enfin, aux parisiens surtout, car beaucoup d'autres provinces la connaissait déjà et en faisait depuis longtemps un usage abondant). Enfin, ne boudons pas notre plaisir, et gloire à Parmentier!

(Antoine Auguste Parmentier, Sculpture d'Adrien Gaudez, 1887)

Enfin, nous repassons par la cour où quelques stands de "dégustation" de produits agricoles se tiennent. On nous avait appâté en nous promettant la dégustation. En réalité, elle était bien faible et il s'agissait plutôt pour les exposants de vendre la production réalisée par les élèves de divers lycées agricoles (de forts bons produits au demeurant).

(Cour de l'hôtel de Villeroy)

Au final, cette visite non-programmée s'est révélée variée et intéressante. Que demander de plus?