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Nouvelle Feuille
29 janvier 2011

Petite virée entre Bretagne et Normandie

Les vacances de Noël, c'est dur. Les partiels aussi. Alors après toutes ces épreuves, quoi de mieux pour décompresser qu'une virée au bord de mer?

C'est donc vers Saint-Malo que nous avons dirigé nos petites pattes cette fois-ci.

Bassin

(Bassins au pied des remparts)

L'un comme l'autre, nous étions déjà allé dans cette région, mais jamais ensemble. Ce petit week-end de détente fut l'occasion de le faire à deux et à notre rythme.

Il faut savoir que Saint-Malo s'étend assez loin de ses fameux remparts et qu'il faut marcher un petit quart d'heure durant depuis la gare avant d'arriver en vue des remparts. Mais l'impression est alors très agréable, tant le vieil intra-muros tranche avec les quartiers plus modernes. Qui plus est, ce jour-là, le beau temps était au rendez-vous...

Porte_Saint_Vincent

(Porte Saint-Vincent)

Nous passons déposer nos sacs à l'hôtel que j'ai réservé, intra-muros, excusez du peu, puis nous sacrifions bien entendu à un tour des remparts, qui est toujours un grand moment dans une visite à Saint-Malo.

En plusieurs endroits sur les remparts se trouvent des statues de célébrités locales: Duguay-Trouin, Surcouf, Jacques Cartier. On se demande bien pourquoi, mais les malouins célèbres ont une forte tendance à avoir exercé dans la marine.

Statue_de_Duguay_Trouin

(Statue de René Duguay-Trouin, sur les remparts)

Les remparts ceignent entièrement la superbe vieille ville, très fortement endommagée en 1944 et reconstruite (presque) à l'identique. L'alignement des façades classiques dans ce granit gris caractéristique contribue, tout autant que les vue magnifiques sur la mer et les côtes des environs, au charme de la ballade.

La_ville_depuis_les_remparts

(Immeubles de la ville, vus depuis les remparts)

La vue sur la mer s'étend bien entendu aux îles et îlots des environs, mais comme il faisait beau nous voyions sans souci jusqu'au Cap Fréhel, autre superbe lieu naturel de la région. Plus proche, ce sont les deux îlots rocheux du Grand et du Petit Bé, accessibles uniquement à marée basse; nous y reviendrons.

Piscine_d_eau_de_mer__Grand_B___Petit_B__et__le_de_C_zembre

(Vue depuis les remparts: Piscine d'eau de mer, Grand Bé, Petit Bé, Île de Cézembre)

Parmi les autres "sommets" qui surplombent l'horizon marin se trouve aussi le Fort National, un des éléments du système de défense de Saint-Malo imaginé par Vauban. Aujourd'hui propriété privé, il ne se visite qu'en saison.

Fort_National__2_

(Fort National)

En suivant les remparts, il y a un moment où, fatalement, l'on approche de la massive tour Quic-en-Groigne et du château de la ville. Cette fameuse tour est en fait une partie du château et a été construite sous Anne de Bretagne, non sans soulever de multiples oppositions dans la ville. Ce qui valut à la tour son nom, inspiré de la répartie d'Anne aux râleurs: "Qui qu'en groigne ainsi sera, car tel est mon bon plaisir", ce qui signifie en gros: "cause toujours, tu m'intéresses".

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(Tour Quic-en-Groigne vue depuis les remparts)

Le château proprement dit, quant à lui, est constitué d'éléments divers bâtis du XIVe au XVIIIe s.: donjons, tours, chapelle, casernes. L'ensemble pourrait être assez disparate, un peu à l'image du beau château de Pau, mais la teinte assez uniforme de la pierre lui confère un semblant d'unité. Aujourd'hui, il abrite l'hôtel de ville et un musée sur la vie et l'histoire locale, que nous n'avons pas vu.

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(Château de Saint-Malo)

Nous nous perdons ensuite doucement dans les rues et ruelles, au hasard, avant de rejoindre la plage, qui commence, à la faveur de la marée bien basse, à offrir un terrain de jeu et de vadrouille assez intéressant...

Vieille_maison

(Maison ancienne)

Alors la plage près des remparts de Saint-Malo en plein mois de janvier en période de grandes marées... Comment expliquer?... En fait, vu qu'à marée haute les vagues frappent les remparts et que plusieurs îlots occupent la baie, la "plage" en question se compose de deux moitiés à peu près égales: l'une de sable humide assez collant et presque boueux, et l'autre de rochers escarpés peuplés de quantités de moules, de crabes morts, de coquillages divers et de trous d'eau. Alors certes, la ballade sur un tel terrain n'est pas d'un calme fou, mais au moins ça lui donne un petit goût prudemment aventureux.

Moules

(Moules sur un rocher)

Ceci dit, malgré les risques de glissades, la ballade est plutôt sympathique. Nous montons au Grand Bé, le principal îlot proche de la ville, qui offre de très belles vues sur Saint-Malo ainsi que sur les environs.

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(Saint-Malo vu depuis le Grand Bé)

C'est depuis ce point que nous aurons la meilleure vue de l'île de Cézembre, île où s'installèrent semble-t-il les premiers moines irlandais venus évangéliser la région, mais aussi île très durement bombardée pendant la dernière guerre.

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(Île de Cézembre)

Le Grand Bé a pour principal intérêt, outre les vues qu'il offre, d'abriter le tombeau de l'un des plus grands écrivains français, François-René de Chateaubriand, natif de Saint-Malo sous une tombe très simple, pour ainsi dire austère. Aucun nom ni date, juste une plaque sur le rocher d'en face indiquant: "Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n'y entendre que la mer et le vent. Passant, respecte sa volonté."

Et comme moi j'admire beaucoup Chateaubriand, je respecte sa volonté de solitude et de silence sur son rocher, romantique jusqu'au bout...

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(Tombeau de Chateaubriand)

Nous marchons ensuite jusqu'au Petit Bé, par un chemin inachevé formé de gros bloc de béton devenus verdâtres avec le temps, qui nous semble être la chaussé de quelque cité engloutie redécouverte à la faveur de la marée basse...

Le Petit Bé est hérissé d'un fort lui construit par Vauban. Sur les rochers qui l'entourent un bon nombre de gens armés de bottes, d'épuisette et d'outils divers ramassent des coquillages.

Ruines

(Autour du Petit Bé)

Courageux comme personne, nous décidons ensuite de poursuivre notre ballade en nous rendant, toujours à pieds, dans le quartier de Saint-Servan, qui est le lieu d'origine de fondation de Saint-Malo. Cela nous a fait faire une promenade assez longue fatigante tout de même, sans compter qu'après être allé à Saint-Servan, il fallu bien en revenir.

Le long de la plage, à quelques mètres des remparts de Saint-Malo, se trouve une curieuse construction des années 1930 : une piscine d'eau de mer. Un très intéressant article explique la création et l'utilisation de ce qui est devenu aujourd'hui un témoignage méconnu de ce temps où la France prenait ses premiers bains de mer.

Piscine_d_eau_de_mer

(Piscine d'eau de mer)

Saint-Servan est une jolie petite ville, beaucoup moins entretenue que l'intra-muros de Saint-Malo hélas. Après être passé devant un monument au commandant Charcot et à ses équipages (qui partirent de Saint-Malo), nous montons vers le fort de la Cité, un grand bunker qui abrite un mémorial sur la dernière guerre. Nous faisons le tour de la Corniche d'Aleth qui sépare la mer proprement dite de l'estuaire de la Rance : les vues sont superbes.

Monument_au_commandant_Charcot

(Monument au Commandant Charcot, Saint-Servan)

Ce tour nous mène de l'autre côté de Saint-Servan, dans la partie la plus ancienne de l'antique cité d'Aleth, capitale du peuple gaulois des Coriosolites. Il s'y trouve d'intéressantes ruines dotées d'un panneau explicatif sur les fouilles qui y furent menées. En somme, les fouilles de l'ancienne cathédrale d'Aleth ont révélé une série d'occupations successives à cet endroit précis depuis l'époque gauloise jusqu'à la cathédrale du XIIIe s., en passant par un bâtiment gallo-romain et une cathédrale carolingienne.

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(Ancienne cathédrale d'Aleth)

L'autre monument intéressant de Saint-Servan domine l'estuaire de la Rance de ses 27 m. de haut; il s'agit de la tour Solidor, bâtie au XIVe s. et qui servit longtemps de prison. Elle abrite un musée consacré aux cap-horniers, qui hélas fermait lors de notre arrivée. Depuis le site néanmoins, on a une très belle vue sur la Rance et la fameuse usine marémotrice, unique au monde.

Tour_Solidor__3_

(Tour Solidor)

Il fallut ensuite s'en retourner à Saint-Malo pour dîner et dormir après cette longue marche.


Le lendemain, il est temps pour nous de prendre la direction du lieu touristique par excellence: le Mont Saint-Michel. Le bus permet de s'y rendre assez facilement, avec un changement à Pontorson. Pour le retour, ce sera un peu plus compliqué semble-t-il, mais l'heure n'est pas encore à s'en préoccuper.

Nous voici donc devant la silhouette archi-célèbre du Mont, qui sera finalement, malgré la basse-saison, assez fréquenté, en particulier par des groupes de Japonais.

Mont_Saint_Michel

(Mont Saint-Michel)

La gastronomie est un élément assez important dans nos promenades. Et comme chacun le sait, au Mont, le lieu incontournable c'est chez la fameuse Mère Poulard, qui, depuis son établissement originel, a essaimé dans tout le Mont. Pour le moment il est encore un peu tôt pour manger, nous y reviendrons plus tard.

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(Le restaurant originel de la mère Poulard)

Nous nous dirigeons tout d'abord vers l'abbaye pour réserver des places pour la visite détaillée de l'abbaye, qui démarre à 14h00. Nous redescendons ensuite jusqu'à la Mère Poulard, histoire de se faire plaisir. Manque de pot, ils ne servent que des menus, pas moyen de commander à la carte. Comme des malpolis, nous remontons donc vers une dépendance de chez Poulard, nommée "Terrasses Poulard" pour la belle vue que le restaurant offre sur la baie. Et là au moins, on peut commander à sa guise. Nous goûtons à l'agneau (était-il de Pré Salé? Rien n'est moins sûr) et à la fameuse omelette... Difficile de qualifier cette omelette. Est-elle bonne, pas bonne? En fait, elle est tellement différente de ce que l'on désigne habituellement sous ce nom que c'est tout de même une expérience à tenter, ne serait-ce que pour le côté très mousseux du plat.

Baie_et__le_de_Tombelaine

(Baie du Mont Saint-Michel, vue sur l'îlot de Tombelaine)

Comme il nous reste encore du temps avant le début de la visite approfondie de l'abbaye, nous en profitons pour arpenter un peu le village proprement dit, en essayant d'éviter la grande rue principale où se presse un certain nombre de touristes malgré la saison. Et au-delà de la grande rue, le village est tout aussi intéressant et agréable même si, comme partout ici, il faut aimer les escaliers et la grimpette!

Village

(Dans le village)

Le long des remparts, les vues sur l'abbaye et sur la baie sont magnifiques et changent un peu de la seule et unique vue qu'on retrouve habituellement reproduite sur des millions de cartes postales et objets souvenirs plus ou moins de bon goût. Comme quoi, même dans un lieu aussi connu et rebattu, on peut tout de même trouver à se dépayser et envisager des angles d'abord moins ordinaires.

Une autre découverte aussi : le Mont est plein de jardins et jardinets particuliers assez surprenants. Ceci dit, le climat étant favorable, le peu de plantes qui ont la place d'y pousser doivent se sentir à l'aise jusqu'au bout de leurs petites feuilles.

Fortifications

(Les remparts)

Nous nous arrêtons dans une sorte de mini-square pour prendre notre dessert, de délicieux petits kouign-amann, avant de remonter vers l'abbaye pour la visite. Celle-ci doit débuter sur la terrasse, devant la façade du XVIIIe s., ajoutée après la destruction d'une partie de la nef romane suite à un incendie. C'est le seul élément aussi récent (si l'on excepte les rajouts fantaisistes, finalement assez limités, du XIXe s.), tout le reste de l'abbaye est un récital d'art roman et gothique.

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(Façade de l'église abbatiale)

Pour cette visite approfondie, nous ne serons, en tout et pour tout, que deux couples. Le guide est un sympathique vétéran du métier, qui connaît bien son sujet et va nous permettre d'accéder à des lieux inaccessibles aux visites simples. Il fait un peu son numéro, parfois amusant, un peu lourd au final quand il utilise la même petite blague pour la énième fois. Ceci dit, l'ensemble était tout de même très intéressant et le fait de visiter l'abbaye à bonne distance de la masse des touristes et avec des explications un peu fouillées, ça fait toujours plaisir.

Vue_sur_les_parties_gothiques

(Vue sur les parties gothiques depuis la terrasse)

Après quelques explications générales dans l'église mi-gothique mi-romane, nous montons vers les toits admirer les arcs boutants (dont certains sont étonnants: l'un d'eux comporte un escalier sur l'arête!) et les gargouilles.

Arcs

(Au milieu des arcs boutants)

Entre les pinacles, qui eux sont une fantaisie XIXe s. dans le goût de Viollet-le-Duc, les vues sont saisissantes. Je ne suis d'ailleurs pas mécontent de la photo ci-dessous.

Village_vu_depuis_les_toits

(Vue sur le village depuis les toits de l'église abbatiale)

Nous monterons également le plus haut possible, juste sous la flèche et la grande statue dorée de Saint-Michel qui la surmonte (également du XIXe s.).

Nous redescendons ensuite vers les différentes cryptes, qui servent le plus souvent de chapelles. Dans Notre-Dame des Trente Cierges, dont les pierres de construction prennent directement dans le rocher du Mont, qui fait par moments plus qu'affleurer.

Notre-Dame sous Terre est la plus intéressante. Il s'agit de l'église originelle du Mont, de style pré-roman et d'époque carolingienne, construite au plus près du rocher et transformée par la suite en crypte. Elle fut, semble-t-il, longuement oubliée, avant d'être "redécouverte" au XXe s.

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(Notre-Dame sous Terre)

La salle dite de Belle-Chaise, qui servait autrefois de tribunal est étonnante notamment par le parti-pris de décoration du plafond peint en 1994 dans un style néo-médiéval.

Après ces parties romanes et pré-romanes (et un peu gothiques par moment), nous passons à la grande partie gothique proprement dite, appellée "La Merveille". Celle-ci a été bâtie au début du XIIIe s. et est particulièrement réussie en alliant parfaitement sur trois étages l'élégance et la légéreté de sa vocation religieuse tout en donnant une impression de solidité et de puissance répondant tout à fait à sa fonction de forteresse défensive. (NB: Pour mieux comprendre les différents niveaux de l'abbaye, voir cette page wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_des_divers_niveaux_du_Mont-Saint-Michel)

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(Réfectoire)

Le troisième étage se compose du réfectoire et du cloître. Le réfectoire est une réussite sur tous les plans, aussi bien pour l'accoustique que pour l'architecture. En effet, le concepteur, très ingénieux, a disposé les fenêtres et les colonnes de telle façon que la lumière baigne l'endroit, mais sans que les très hautes et étroites fenêtres ne soient visibles avant de se trouver à leur niveau. Le tout donne une impression étonnante, à plus forte raison quand il y a très peu de touristes présents et que le guide ne trouve rien de mieux à faire que de nous demander de psalmodier la règle de Saint Benoît...

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(Cloître)

Le cloître qui fait suite au réfectoire est également exceptionnel : la finesse des colonettes, la qualité de la décoration et surtout le fait que le cloître donne abruptement sur la mer de façon presque verticale contribuent au charme du lieu. C'est à cet endroit que notre guide nous largue, nous ayant fait voir les parties cachées, il nous laisse finir seuls la visite.

A l'étage en dessous, nous entrons dans la salle des Hôtes, grande salle de réception du plus beau gothique, qui comporte en son centre un alignement de colonnes aboutissant à une double cheminée. Les jours de réception, une tenture était placée entre les colonnes afin de séparer la salle en deux; une partie servait de cuisine et l'autre, pour les hôtes, avait tout de même sa cheminée mais uniquement pour l'ambiance. Ingénieux à plus d'un titre, ce dispositif permettait aussi de résoudre l'un des principaux problèmes des grandes demeures: les plats qui arrivaient froids à cause de l'éloignement entre les cuisines et les salles de réception.

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(Salle des hôtes)

Le pendant immédiat de la salle des Hôtes est désignée, faute de mieux, sous le vocable de "Salle des Chevaliers" ou "Scriptorium". Si l'on voit mal ce que les chevaliers viennent faire ici, il semble que la salle était, sinon un scriptorium, du moins une salle d'étude pour les moines.

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(Salle des chevaliers ou Scriptorium)

L'étage inférieur comprend le cellier et l'aumônerie. Parmi les autres éléments remarquables l'on peut signaler la Grande Roue qui servait à faire monter divers objets et provisions dans l'abbaye au temps où elle servait de prison, au XIXe s. Installée dans l'ancien ossuaire, elle était mue... par cinq prisonniers qui marchaient à l'intérieur, un peu à l'instar des hamster qui courent comme des andouilles dans leur petite roue.

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(Grande Roue)

La visite de l'abbaye s'achève ici et la sortie se fait par les jardins, ce qui permet de belles vues sur la Merveille.

Vue_de_la_Merveille

(La Merveille)

Nous redescendons dans le village vers l'église paroissiale Saint-Pierre. Celle-ci n'a qu'un intérêt assez limité. Elle prend également directement sur le rocher dont on voit quelques pierres irrégulières dépasser des murs et comporte quelques jolies statues.

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(Dans l'église paroissiale)

Nous repartons par les rues et ruelles du villages, quasiment désertes et très agréables. Comme dans l'église, comme dans certaines parties de l'abbaye, par endroits le rocher affleure dans les murs.

Directement_sur_le_rocher

Nous faisons le tour des remparts qui cernent la moitié du mont (l'autre moitié est défendue directement par l'abbaye). Ce tour offre de très belles vues et permet de bien appréhender le Mont pour lui-même et au sein de son environnement dans la baie. On ne s'en lasse pas...

Grande_Rue__2_

(Grande-Rue vue depuis les remparts)

Comme c'est la période des grandes marées et qu'en ce moment elle est plutôt basse, nous descendons vers la mer, du côté de la Merveille. Le but est simplement d'aller marcher un peu dans la baie et de voir ce que sont les curieux bâtiments signalés de ce côté là sur mon guide.  Avant de tenter l'aventure, nous ne pourrons pas dire que nous ne sommes pas prévenus :

Avertissements

(On y va quand même?)

Cette promenade est vraiment superbe et vraiment boueuse. Il faut tout d'abord dépasser la Tour Gabriel pour découvrir l'autre côté du Mont, celui couvert d'arbustes, presque sauvage.

Tour_Gabriel__3_

(Tour Gabriel)

Nous arrivons donc à la chapelle Saint-Aubert puis, plus loin, à la Fontaine Saint-Aubert (du nom du fondateur du Mont). La Fontaine approvisionnait autrefois l'abbaye en eau douce et était accessible par un petit chemin. Ces deux petits bâtiments ne sont plus désormais accessibles que par la baie à marée basse. Tout cela donne vraiment une impression de bout du monde tourmenté et désolé. Tout ce qu'on aime.

Chapelle_Saint_Aubert

(Chapelle Saint-Aubert)

Nous rebroussons ensuite chemin, les godillots plein de bouillasse grise. Le temps de faire quelques photos de la Merveille depuis cet angle inhabituel et nous voici sur le parking au bout de la digue, avec deux options: ou repartir avec les transports en commun et trois changements, le tout pour pas loin de trois heures de trajets... ou tenter notre chance en auto-stop. Bingo, dès le deuxième essai, un sympathique couple de jeunes retraités accepte de nous ramener vers Saint-Malo, soit une heure de trajet. Une bonne affaire; nous devions avoir une bonne tête...

Mont__2_

(Mont Saint-Michel depuis la baie)

Tout cela nous permet d'être rentrés à Saint-Malo assez tôt pour y manger dans une bonne crêperie et finir la journée par une promenade sur les remparts. De nuit, la marée haute claquant ses vagues sur les rochers au pied des remparts, sous un vent assez fort... de quoi se sentir romantique et décoiffé comme le premier Chateaubriand venu.


Le lendemain, le soleil est encore au rendez-vous. Après avoir réglé la note d'hôtel, nous sortons de l'intra-muros et allons attendre un bus pour nous rendre (en une vingtaine de minutes) à notre dernière visite du week-end : celle de l'aquarium de Saint-Malo. Alors là, j'espère que vous aimez les photos de poissons, parce que vous allez en avoir.

Bateau___voile

(Bateau à voile dans les bassins proches de l'intra-muros)

J'étais déjà allé voici assez longtemps à l'aquarium de Saint-Malo. Je me souvenais surtout d'un certain sens de la mise en scène et du gigantesque et très impressionnant anneau des requins. Hélas, l'anneau était en travaux, mais la mise en scène n'avait pas bougé.

Typique de ce décorum étonnant sur lequel ils n'ont pas lésiné, la première pièce ne présente aucun poisson mais se veut... on ne sait pas trop quoi d'ailleurs; une sorte de cabinet d'étude d'un explorateur scientifique peut-être?

Aquarium_de_Saint_Malo

(Première salle de l'aquarium)

Pour la suite, j'ai pris pas mal de photos, j'ai appris des choses aussi et j'ai peur de souler mes lecteurs. Alors je me contenterai de commenter les photos que je mets ici.

Dans le premier couloir se trouvent de superbes aurélies, des petites méduses qui forment un ballet étrange et élégant.

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(Aurélies)

Les différents aquariums se trouvent ensuite dans des salles disposées plus ou moins par milieu océanique: le Pacifique Nord, la Méditerranée, l'Atlantique, l'Indien, etc...

La faune du Pacifique Nord est assez étonnante surtout par sa diversité et ses couleurs vives, qui n'ont pas grand chose à envier aux mers du sud.

Crabes_g_ants

(Crabes géants)

A chaque instant c'est l'étonnement devant la beauté ou la bizarrerie de tel ou tel poisson, corail ou anémone.

DSCN0704

(Cérianthe, proche cousin des anémones)

J'ai une prédilection pour les hippocampes, mais comme ces mini-chevaux gigotent sans cesse, je n'ai pas de bonne photo... Donc à la place, je vous mets une sole.

DSCN0701

(Sole)

Au hasard des aquariums on apprend des tas de choses : que les étoiles de mers peuvent avoir pleins de bras et pas seulement quatre comme la plus connue d'entre elles, et aussi que vu d'en dessous, le spectacle de ces bestioles est un peu étrange.

DSCN0703

(Etoile de mer)

Plus loin se trouve une salle passionnante où se trouvent entre autre des petits aquariums qui sont des sortes d'éclosoir. On peut y voir les petits poissons, notamment les bébés raies et les roussettes, dans leurs oeufs, dont ils ne sortiront que dans plusieurs mois.

Oeufs_de_roussette

(Oeufs de roussette)

Cette même salle montre également d'autres très jeunes poissons, du plancton et la façon dont il constitue l'aliment de base de la chaine alimentaire maritime. Et puis un grand bassin abrite une quantité de limules, une sorte de poisson à carapace qui n'a pour ainsi dire pas évolué depuis 500 millions d'années... Plus d'informations sur ces curieuses bestioles ici.

Limules

(Limules)

Parmi les autres bestiaux étranges, il y a la cigale de mer, un petit crustacé a l'air sympathique.

Cigales_de_mer__2_

(Cigales de mer)

Mais aussi les anguilles de jardin, des poissons qui vivent partiellement enterrés dans le sable et sortent plus ou moins leur corps, mais jamais complètement, comme des sortes de vers verticaux... Une vraie curiosité dont malheureusement aucune des photos que j'ai faite n'est bonne.

Plus loin, c'est le superbe ballet des rascasses volantes, des poissons magnifiques mais très dangereux par le poison qui se trouve dans ses nageoires dorsales.

Rascasse_volante

(Rascasse volante)

Dans la catégorie fossile vivant, après les limules, voici le nautile, un bel exemple du genre. Ils ont également peu évolué en 500 millions d'années, tout juste ont-ils un peu réduit en taille.

Nautile

(Nautile)

Le poisson-clown et l'anémone vivent en symbiose. Et quand tous les deux se mettent en symbiose également avec mon appareil photo, cela donne une photo dont je ne suis pas mécontent du tout.

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(Anémone et poisson-clown)

La suite est un autre aperçu du sens de la mise en scène de cet aquarium. Désormais, l'on passe dans un décor évoquant un vaisseau englouti, au sein duquel nagent des tas de mérous et de poissons-papillons et dont les recoins cachent d'énormes murènes vertes et tachetées. Heureusement ici le visiteur est bien protégé par des aquariums. Il ne manque au décor que le squelette d'un pirate!

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(Vaisseau englouti)

Avant de retrouver l'extérieur, nous arrivons dans la reconstitution d'une mangrove, peuplée de piranhas, de tortues, de poissons-chats, de pacus et de périophtalmes, un curieux poisson capable de vivre aussi bien dans l'eau qu'hors de l'eau. Plusieurs se trouvaient d'ailleurs, très à l'aise et loin de suffoquer, perchés sur des racines de palétuviers.

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(Périophtalme)

Comble de l'immersion en milieu tropical, régulièrement la mangrove s'assombrit, un roulement de tonnerre se fait entendre et la pluie se met à tomber quelques minutes durant. Puis tout rentre dans l'ordre. Assez impressionnant; quand on voit les moyens mis en oeuvre, on comprend mieux le tarif relativement élevé du billet d'entrée.

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(La mangrove sous la pluie)

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises (enfin pas tout à fait pour moi, car je m'en souvenais), car la suite passe par l'extérieur, où sont installés des bassins où barbotent raies, soles, étoiles de mer et roussettes. Il s'agit des bassins tactiles, une installation très appréciée où l'on peut "caresser" les poissons. Certains en ont sans doute ras le bol de se faire tripoter et fuient vers le centre des bassins. D'autres semblent apprécier le traitement, en particulier les raies, qui font après chaque caresse une sorte de curieuse pirouette. Le contact avec ces bestiaux est étrange, pas du tout gluant ou répugnant, plutôt rugueux, un peu comme si l'on caressait un papier de verre. Une expérience simple mais étonnante.

Raie

(Raie)

Dernière attraction de l'aquarium, le nautibus. Nous sommes dans une sorte de mini-sous-marin qui plonge directement dans un immense bassin rempli de poissons et de trucs divers pour l'ambiance.

Nautibus

(L'entrée du Nautibus)

L'idée est bonne, hélas, le côté attraction prend largement le pas sur tout le reste. L'on voit assez mal et un peu rapidement les poissons, il n'y a aucune explication mais seulement des bruitages enregistrés. Bref, ça pourrait être génial, c'est juste un peu spectaculaire mais rien de plus et ça ne reste pas comme un moment très fort. Dommage.

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(Photo la moins ratée de celles prises depuis le Nautibus)

Le temps de faire un dernier coucou à nos copines les raies, et nous reprenons le bus vers l'intra-muros pour y manger des fruits de mer... Et oui, notre cynisme n'a pas de limite!

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(Raie mutine)

Après le repas, il nous reste environ une heure pour faire un dernier tour dans Saint-Malo, en commençant par la façade classique d'un lieu symbolique après la promenade au Grand Bé l'avant-veille : la maison natale de Chateaubriand.

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(Maison natale de Chateaubriand)

Un peu à l'écart des grands axes, se trouvent de très sympathiques (mais peu animées) petites rues qui donnent une idée du Saint-Malo médiéval, un peu moins austère que la ville classique qui borde les remparts.

Rue_m_di_vale

(Rue du Pélicot)

La cathédrale est ouverte, nous profitons donc pour aller y voir de plus près. Vu qu'elle a été très gravement endommagée par les bombardements de 1944, elle n'est pas ce qu'il y a de plus formidable à Saint-Malo, bien que plusieurs éléments soient dignes d'intérêt, comme cette belle "Notre-Dame de la Grand-Porte", qui ornait la porte principale de l'intra-muros jusqu'à son remplacement par une copie en 2003.

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(Notre-Dame de la Grand-Porte, XIVe s.)

Le mobilier de la cathédrale est contemporain tout en réutilisant parfois des éléments anciens; il est l'oeuvre d'Arcabas. Les vitraux sont également modernes, ceux de la nef sont de Max Ingrand et ceux du coeur de Jean Le Moal.

Vitraux_contemporains

(Vitraux de la nef, Max Ingrand, années 1970)

Parmi les curiosités notables se trouvent les tombeaux de l'explorateur Jacques Cartier qui découvrit le Canada et du corsaire Duguay-Trouin.

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(Tombe de Jacques Cartier, cathédrale de Saint-Malo)

Nous longeons les belles et anciennes maisons de corsaires, dont l'une qui se visite... en haute saison...

Maison_ancienne__2_

(Maison ancienne)

Puis nous quittons la ville par la Grande Porte pour aller prendre notre TGV, mettant ainsi fin à cette escapade bretonne particulièrement agréable.

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(Grande Porte)

Mais nous reviendrons!

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