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Nouvelle Feuille
6 avril 2011

Lyon (IV): Lugdunum

L'avant-dernier jour de notre séjour à Lyon, comme tous les précédents, sera pas mal copieux niveau vadrouille. Pour le matin, j'ai décidé de remonter le temps pour me plonger dans les restes de la Lugdunum romaine, déjà aperçue partiellement avec l'amphithéâtre des Trois Gaules, mais dont l'essentiel des vestiges se situe sur la colline de Fourvière.

Od_on

(Site de l'odéon)

 

La ville romaine occupait en gros le site de la ville de la façon suivante : à Fourvière se trouvait l'essentiel de la ville et le centre politique, sur l'actuelle Presqu'île, à l'époque simple île, se trouvaient les maisons et villas des riches négociants de la ville, tandis qu'à la Croix-Rousse, on ne sait pas exactement, on sait juste que c'est là que se trouvait l'amphithéatre qui servait de lieu de réunion aux délégués des 60 nations gauloises.

Reste_de_peinture

(Odéon, reste de peinture murale)

 

Aujourd'hui, malgré son grand développement urbain postérieur, Lyon a conservé plusieurs "beaux restes" de l'antique Lugdunum. Et le parc archéologique en est le principal témoignage, avec sa voie romaine, les restes d'un quartier d'habitation et surtout ses deux théâtres. Dans la colline surplombant le parc, on a creusé le musée gallo-romain, une horreur architecturale qui a le mérite d'être rendue discrète par son enfouissement.

Grand_Th__tre__3_

(Vue du musée enterré depuis le théâtre)

 

Les deux théâtres côte à côte sont en fait un odéon et un théâtre. Pour expliquer très rapidement : un théâtre est un édifice en demi-cercle avec une scène et des gradins, qui permettait des représentations de comédie, tragédie, etc... Par exemple : le théâtre antique d'Orange.
Un amphithéâtre, c'est un peu la combinaison de deux théâtres. Cela forme un édifice circulaire et servait plutôt à des "jeux du cirque", combats de gladiateurs, etc. Le plus célèbre est sans doute le Colisée à Rome.
Un odéon est exactement la même chose qu'un théâtre, mais en plus petit, et servait uniquement aux répétitions théâtrales, aux représentations musicales et pour des conférences. Le meilleur exemple est sans doute celui de Lyon :

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(Scène de l'odéon)

 

Le pavement des scènes des théâtres a été reconstitué à partir de découvertes archéologiques et été composé de rares marbres de couleur provenant de tout le pourtour méditerranéen : Tunisie, Grèce, Turquie, Egypte. 

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(Vue depuis les gradins du théâtre)

 

On se promène librement dans le parc archéologique, émaillé de-ci de-là de panneaux explicatifs simples et clairs. En arrivant par l'odéon, comme moi, l'on remonte progressivement, en déambulant dans les gradins, vers la voie romaine qui séparait les murs de l'odéon du petit quartier d'habitations et de commerces qui prospérait dans son ombre.

Voie_romaine

(Voie romaine urbaine, vestiges de bâtiments)

 

L'on distingue, dans l'une des habitations, la trace de la canalisation qui évacuait les eaux usées vers le caniveau bordant les bâtiments. 

Une_boutique 

(Un petit détail)

 

Au bout de la promenade, l'on domine l'ensemble du site et on entre dans un bâtiment extrèmement bien pensé par un architecte ingénieux mais au mauvais goût très sûr, un certain Bernard Zehrfuss, l'un des plus abominables adorateurs du béton brut que les années 1950 à 1970 ait produit. Et si l'homme était doué pour penser le bâtiment, habilement enterré dans la colline, tout en colimaçon mais avec toutefois deux grandes baies permettant d'admirer la vue sur le parc archéologique, il est tout de même parvenu à donner à sa réalisation l'aspect d'un infâme bunker sans âme qui, en outre, a terriblement mal vieilli en même pas quarante ans. Bref, c'est une horreur, mais qui a le mérite d'abriter tout de même une exceptionnelle collection d'art gallo-romain.

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(L'entrée du musée gallo-romain)

 

Alors à l'intérieur... comment dire... Les collections du musées sont magnifiques, rien à redire, pas plus que sur la compétence scientifique des conservateurs et autres qui tentent de faire vivre les lieux. Mais, si, on l'a déjà dit et vu, les bâtiments accusent fortement leur âge :

On_dirait_un_bunker 

(Vue intérieure du musée)

 

Cela devient un peu plus ennuyeux quand, pour certaines parties, la muséographie aussi accuse son âge; c'est particulièrement vrai en ce qui concerne la préhistoire et la protohistoire, qui rentrent dans le domaine du musée mais qui n'en forment pas le coeur. 

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(Des cailloux. Vieux.)

 

Allez, j'en rajoute une dernière petite couche avec ces deux pièces, probablement des outils tranchants, qui ont été sortis pour photographie...

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(Sans commentaire)

 

Et il est un peu dommage que les collections protohistoriques, de l'âge du bronze notamment, semblent aussi mal aimées. Car si elles sont certes assez réduites, elles n'en sont pas moins superbes. 

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(Pendentifs en bronze, Bronze final, vers 800 av. J-C)

 

A l'époque pré-romaine, Lyon n'est semble-t-il qu'un tout petit patelin sans grande importance, ce qui n'empêche que le musée possède une pièce exceptionnelle venue d'un peu plus, de la Côte Saint André plus précisèment (en Isère) : le seul char processionel en Europe qui nous soit parvenu entier (pour ce qui concerne les parties métalliques, bien entendu). L'ensemble témoigne de la grande qualité de la métallurgie européenne au début de l'âge du fer (époque de Hallstatt), que ce soit en ce qui concerne les roues, coulées à la cire perdue, ou le travail de chaudronnerie réalisée sur le chaudron. L'utilité exacte de ce char processionnel n'est hélas pas connue avec précision; on lui suppose une utilisation cultuelle peut-être liée au soleil nous dit le cartel, sans justifier pour autant cette affirmation.

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(Char processionnel de la Côte Saint André, vers 700 av. J-C)

 

On touche ensuite au coeur de la vocation du musée : Lugdunum, fondée en 43 avant J-C par Lucius Plancus, gouverneur du nord de la Gaule, sur ordre du Sénat. Dès lors, l'importance de la ville ne cesse de croître jusqu'à la fin de l'Antiquité. 

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(Cuve de sarcophage : triomphe de Bacchus, IIIe s.)

 

Les éléments un peu techniques sont parfois complexes à appréhender mais la plupart du temps ils sont bien expliqués par des maquettes reproduisant les mécanismes utilisés par nos ancêtres romains.

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(Maquette d'une pompe foulante romaine)

 

Mais surtout, ces maquettes explicatives s'appuyent toujours sur des découvertes archéologiques remarquables, comme ce rare corps de pompe romaine trouvé dans des fouilles sur la Presqu'île en 1975. Son débit était tout de même de 60 litres à la minute.

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(Corps de pompe romaine)

 

Des fragments d'un autel qui pourrait avoir fait partie du sanctuaire confédéral des Trois Gaules, sont exposés et permettent d'évoquer l'importance politique de Lugdunum dans la Gaule romaine. Cet autel semble reprendre les motifs de l'Ara Pacis de Rome édifié peu avant.

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(Autel aux guirlandes, Ier s.)

 

La collection épigraphique du musée est très riche mais, comment souvent avec ce type de collections, elle lasse assez rapidement le visiteur, malgré tout son intérêt. On est toutefois surpris de la taille monumentale de certaines inscriptions.

Les fameuses tables claudiennes, importante inscription sur bronze transcrivant le discours par lequel l'empereur Claude, né à Lyon, ouvrait la citoyenneté romaine aux habitants de sa ville natale. Trouvées en 1528, les tables appartiennent depuis lors à la ville.

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(Tables claudiennes, 48)

 

Plus loin, une grande inscription et un sarcophage, seuls vestiges provenant du tombeau d'une grande famille lyonnaise donnent une idée de la puissance des patriciens qui exerçaient le pouvoir localement. 

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(Eléments du mausolée des Acceptii)

 

D'autres sections évoquent l'administration, le culte impérial et l'armée. Mais la religion, qui vient ensuite, est bien plus riche encore et tente de montrer à quel point la religion intègre les autres cultes et comment s'opèrent des fusions, confusions, mélanges et syncrétismes, avec la prédominance selon les époques de certaines divinités : Sucellus, Cybèle, Sol Invictus...

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(Neptune, travail local, bronze, IIe s.)

 

Si les divinités romaines bénéficient parfois de grandes statues de bronze, dont le musée garde un superbe exemplaire, une divinité gauloise comme Sucellus ne bénéficie que de petites statuettes. Néanmoins cette divinité était sans doute restée extrèmement populaire si l'on en juge par la profusion de statuettes, probablement parce qu'elle n'avait pas d'équivalent gréco-latin. On ne sait aujourd'hui d'ailleurs toujours pas précisèment quelles étaient ses fonctions exactes.

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(Statuettes de Sucellus)

 

A des époques plus tardives, on le sait, des cultes venus d'orient ont pris une grande importance dans l'ensemble de l'Empire : mithraïsme, culte du soleil, culte d'Isis, christianisme, etc... A Lyon, c'est Cybèle qui a pris une place remarquable; son culte s'organisait autour de sacrifices tauroboliques, comme celui de Mithra. Malgré l'importance de Cybèle à Lyon à partir du IIe s., l'archéologie n'est pas encore parvenue à identifier le lieu de son temple principal.

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(Tête de Cybèle, marbre, IIe s.)

 

Au-delà des questions de divinités, cette section du musée expose deux merveilles trouvées dans la région, qui sont autant de précieux indices sur les Gaulois (romanisés), et leurs modes de pensée. Tout d'abord un superbe gobelet en argent représentant plusieurs dieux gaulois, très beau travail d'orfévrerie dont les identifications ne sont pas encore toutes certaines.

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(Gobelet d'argent aux dieux gaulois, fin du Ier s.)

 

Autre témoignage, sans doute de moins de valeur artistique, le calendrier de Coligny. Trouvé dans l'Ain, ce calendrier présente l'intérêt d'être en langue gauloise; il s'agit de la plus longue inscription connue dans cette langue. Nous apprenons ainsi notamment le nom des mois et quelques autres éléments précieux. Plus de détails au sujet de ce texte important pour la connaissance de nos ancêtres sur wikipedia.

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(Calendrier de Coligny, détail, fin du Ier s.)

 

Lors des fouilles à Coligny en 1897, aux côtés du calendrier, on a également mis au jour ce beau bronze d'un dieu indéterminé, mélange de Mars, Mercure et Apollon, probablement associé au calendrier. 

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(Dieu de Coligny, fin Ier s.)

 

Parmi les mystères gaulois encore à résoudre, il y a ces curieux dodécaèdres dont personne n'est capable de donner l'utilisation exacte. Comme le dit extrèmement bien le cartel : "Comme pour beaucoup d'objets incompréhensibles, on a imaginé un usage religieux". 

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(Objet mystère)

 

Un autre exemple de l'intelligence de la construction du musée se trouve dans cette jolie astuce qui permet d'admirer deux très grandes mosaïques vues du haut. C'est très bien pensé même si cela suppose un peu un musée construit "autour" des oeuvres. 

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(L'ivresse d'Hercule, mosaïque, Vienne, IIe s.)

 

Parmi les éléments étonnants, il y a la maquette du rideau de scène du théâtre, dont le mécanisme a été retrouvé (à vrai dire j'ignorais même qu'il y a avait un rideau de scène dans les théâtres romains). Toute une partie traite  des spectacles, théâtre, jeux du cirque et hippodrome. Lyon possédait un hippodrome, dont l'emplacement n'est pas identifié, mais qui est connu par des inscriptions. 

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(Mosaïque, Lyon)

 

Dans cette partie du musée, les arts décoratifs sont bien évoqués, avec un grand nombre de céramiques, de mosaïques et quelques rares peintures murales retrouvées dans des maisons lyonnaises. 

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(Enduit peint "aux cadeaux", peint entre 50 et 70)

 

La section consacrée au grand commerce met bien en valeur l'importance déjà essentielle de la vallée du Rhône dans l'échange de marchandises à l'époque. Les grandes compagnies de navigation, les Nautes, font fortune. 

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(Amphores)

 

Un lot de balances et de pesons, quelques belles amphores et des inscriptions évoquent plutôt bien la vie des commerçants; j'ai particulièrement aimé les pesons zoomorphes :  

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(Peson en forme de sanglier, trouvé à Vienne)

 

Le musée expose aussi un très beau "trésor" composé de monnaies, de statuettes en argent et de bijoux en pierres et en or. Il s'agit d'un trésor à tous les sens du terme, autant pour l'archéologue que d'après le sens commun et sans doute aussi pour le propriétaire d'origine, qui l'avait soigneusement enterré sous sa villa; c'est là que des fouilles l'ont mis au jour en 1992. 

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(Quelques éléments du trésor de Vaise, Lyon)

 

Les dernières salles traitent de la vie quotidienne, avec pour pièce majeure une grande mosaïque sur laquelle est installé un lit (enfin, les parties métalliques, le reste est une reconstitution); du culte des morts et de l'émergence du christianisme 

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(Sarcophage à strigiles, probablement chrétien, IIIe-IVe s.)


La salle d'exposition temporaire accueille une partie des collections du futur musée des Confluences.

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(Fluorites, collection Alexis Chermette)

 

 Ces collections sont essentiellement constituées des anciennes collections du muséum d'histoire naturelle de Lyon. Il s'agit donc surtout de minéralogie, de zoologie et de pas mal d'objets d'art ou d'ethnologie extra-européenne.  

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(Lièvre commun, lièvre variable et écureuil roux)

 

Les collections sont tout à la fois très intéressantes et particulièrement disparates. On peut ainsi voir, après les animaux naturalisés et les minéraux, toute une collection d'animaux égyptiens momifiés : chat, ibis mais aussi poissons...

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(Chat momifié, IVe s. av. J-C)

 

Le musée des Confluences accueillera également les collections d'Emile Guimet qui sont en dépôt à Lyon. En effet, cet industriel avait ouvert la première version de son musée des religions à Lyon, avant de le transférer à Paris (ou il est aujourd'hui consacré à l'art asiatique). Quelques jolies pièces khmères et japonaises sont présentées. 

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(Tête de Shiva, époque angkorienne, IXe-XVe s., dépôt du Musée National des Arts asiatiques)

 

Comme pour toute collection d'un musée d'histoire naturelle, la partie la plus exceptionnelle et surtout la plus spectaculaire est celle consacrée à la paléontologie. Le peu qui est présenté ici ne déroge pas à la règle. Petit tour rapide de quelques pièces impressionnantes, en commençant par ce crâne d'ours des cavernes et cette dent de mammouth :

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(Crâne d'ours des cavernes, Savoie, entre 45 000 et -24 000 ans; Dent de mammouth, Corrèze, 40 000 ans)

 

Le squelette presque complet d'un grand dinosaure herbivore. Même sans être grand connaisseur, quand comme moi on a eu dix ans l'année où est sorti Jurassic Park, on demeure toujours un peu émerveillé... 

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(Squelette de camarasaurus lentus, Wyoming, 150 millions d'années)

 

Une ammonite qui a pris de curieuses couleurs en cours de fossilisation...

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(Ammonite, Alberta, 70 millions d'années)

 

Un poisson cuirassé, dont on est heureux qu'il n'ait jamais évolué dans les eaux de cette planète en même temps que l'homme. Et dire qu'on se plaint des requins (et vous imaginez les Dents de la mer avec une bestiole pareille?)

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(Poisson cuirassé, Maroc, 370 millions d'années)

 

Enfin, dernier petit de mon inventaire, ce crâne de rhinocéros laineux. 

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(Crâne de rhinocéros laineux, Sibérie, entre 18 000 et 12 000 ans)

 

Les collections ethnologiques semblent également assez riches même si leur cohérence n'est pas franchement évidente. Quoi de commun entre une rame de cérémonie polynésienne, un châle italien en "soie de mer" (un textile fabriqué à partir du byssus de grands coquillages) et les gigantesques monnaies d'Océanie?

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(Monnaie Tambu, Nouvelle-Bretagne, Mélanésie, milieu XXe s.)

 

Le futur musée est également, en plus de ces collections ethnologiques et naturelles, de constituer un fonds d'objets techniques et scientifiques. Ce n'est pas inintéressant, mais tout cela ajouté aux collections déjà évoquées avant... il faudra voir quand ce fameux musée aura ouvert ses portes, mais a priori ça donne l'image d'un musée-débarras où l'on aurait placé tout ce qu'on ne savait pas bien comment caser ailleurs.

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(Voiture Berliet à double siège, Lyon, 1908)

 

Cette réserve émise, cette collection semble se constituer de manière relativement cohérente et avec des objets qui sont autant de bons témoins des évolutions évoquées. 

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(L'évolution des télécommunications : Téléphone à tablette de Clément Ader, 1898; Téléphone Marty à manivelle, 1920; Téléphone modèle PTT 24, 1942; Téléphone modèle U43, 1961; Téléphone modèle S63, 1980; Minitel, 1982)

 

A d'autres endroits, le musée tente de répondre à son idée de "confluence" des lieux et des époques. On peut se demander tout de même pourquoi une horloge chinoise à encens du XVIIIe s. trouve sa place dans la section "la mesure du temps" plus que dans les collections asiatiques proprement dites. Mystère des parti-pris muséographiques...

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(Horloge à encens, Chine, XVIIIe s.)

 

Voilà pour l'exposition temporaire qui donne une idée plus claire du musée des Confluences. On se demande néanmoins si, le jour où ce musée existera enfin réellement, nous n'aurons pas l'impression de débarquer sur une autre planète...

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(Maquette à échelle 1 du robot martien Exomars, qui se posera sur Mars en 2016)

 


 

Après tout cela je sors du musée pour reprendre un peu la découverte de ce quartier de Lyon et reprendre un peu la thématique très romaine que j'ai suivie depuis ce matin. 

La petite promenade à la recherche des vestiges romaines visibles çà et là commence à quelque distance du musée. De part et d'autre d'une rue se trouvent les restes de l'un des quatre aqueducs qui alimentaient la ville en eau à l'époque romaine. Les piliers restants ont été plus ou moins bien intégrés aux architectures postérieures. Cet aqueduc était le plus long de Lyon : pas moins de 75 km depuis le Pilat, une merveille d'ingénieurie.

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(Eléments de l'ancien aqueduc du Gier)

 

Les eaux apportées par l'aqueduc alimentaient notamment une fontaine visible un peu plus loin sur la petite place de Trion. Partiellement restaurée, l'essentiel date pourtant de l'époque de sa fondation par l'empereur Claude lors d'un passage dans sa ville natale. L'inscription au sommet en témoigne : CLAUD(ius) AUG(ustus). 

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(Fontaine de Claude, Place de Trion)

 

La promenade est un peu longue mais assez agréable, surtout dans le haut du quartier Saint-Just, autour des jolies rues des Macchabées et Vide-Bourse. Le quartier a beau être en plein Lyon, il donne une impression de village, d'autant plus sympathique sous le soleil qui fait une apparition ce jour-là. 

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(Rue Vide-Bourse)

 

J'arrive à l'église Saint-Irénée, qui date du XIXe s. (et qui est en travaux), mais elle se dresse sur l'emplacement d'une basilique du Ve s. où reposaient les restes du saint éponyme et qui comptaient parmi les plus anciennes églises de France.

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(Grille de l'église Saint Irénée)

 

Si j'en crois mon guide, non loin de là se trouvent les "mausolées de Choulans", trois vestiges d'une nécropole gallo-romaine. Je ne suis hélas pas parvenu à les trouver, à ma grande honte... Je me rabats donc, en descendant la rue des Macchabées, sur la belle fontaine au taurobole, du début du XIXe s.

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(Louis Flacheron, Fontaine au taurobole, 1823)

 

Juste quelques mètres plus bas se trouve l'ancienne église Saint Just, dont on n'aperçoit plus que les fondations de pierre, agrémentées de trucmuches rouges et jaunes qui doivent marquer les plans des églises primitives des IVe et VIe s. Cette église, l'une des plus anciennes de la ville, a été ravagée définitivement par les troupes protestantes en 1562. Pas mal de sarcophages sont alignés dans l'espace vert qui entoure ces ruines.

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(Ancienne église Saint-Just)

 

Quelques mètres plus bas se dresse l'église Saint Just actuelle, un bâtiment qui mériterait un petit nettoyage et dont la construction a été entamée dès 1591. La façade, du début XVIIIe s., est de Ferdinand Delamonce.

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(Eglise Saint Just)

 

Tout cela nous éloigne un peu des gallo-romains... mais en fait, non, car juste en face de l'église, derrière le porche d'une résidence se trouvent les restes de grands thermes du Ier s. 

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(Thermes romains, Ier s.)

 

Voilà pour cette grande matinée dans Lugdunum. Le funiculaire me ramène sur la place Saint-Jean, au coeur de la vieille ville, où je mange une bricole rapidement avant de consacrer le reste de ma journée à trabouler dans le Vieux-Lyon.

 

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