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Nouvelle Feuille
17 juillet 2011

Maya

 

Dernière petite visite d'exposition parisienne avant de lointaines vacances... et une très belle en plus.

Consacrer une expo aux Mayas sans passer le moins du monde au Mexique, ça peut paraître curieux et pourtant, avec tous les problèmes entre la France et ce pays ces derniers temps, le choix par le quai Branly d'un partenariat avec le Guatemala, autre grand pays d'épanouissement de la civilisation maya, a été particulièrement judicieux. La plupart des photos que j'ai prises étant celles d'oeuvres exposées au Museo Nacional de Arquelogia y Etnologia de Guatemala City, je ne précise le musée que s'il ne s'agit pas de celui-ci.

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(Stèle I de La Amelia, période classique)

 

Située dans la mezzanine, cette expo plutôt claire et assez diversifiée évoque cette civilisation majeure de la méso-Amérique précolombienne, dont le rayonnement a dépassé de loin la zone directe où les cités mayas exerçaient leur pouvoir. Certes, certains partis-pris et comparaisons peuvent être discutées, mais l'éclairage apporté par les découvertes archéologiques des dernières années apporte beaucoup à la vulgarisation de la connaissance de cette région du monde à l'histoire très complexe. 

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(Vase siffleur, Keminnaljuyu, période classique)

 

A cet égard, les cartels sont intelligemment faits, signalant notamment systématiquement sur une petite carte l'origine géographique de l'objet présenté. Bref, un passage cet été au quai Branly peut permettre à tout un chacun de comprendre un peu le monde maya au-delà des conneries médiatiques sur la fin du monde de 2012... Ceci dit, si ces âneries pouvaient permettre à ne serait-ce qu'une personne de s'intéresser réellement à tout cela, ça n'aura pas servi à rien. 

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(Plaque de jade, Nebaj, période classique)

 

Bref. Après une introduction générale, l'expo déroule un parcours chrono-thématique articulé, grosso modo autour des trois périodes de la civilisation maya, qui se répartissent à peu près ainsi : l'époque préclassique va des origines autour de 2000 avant J-C à 250 après J-C; l'époque classique de 250 à la chute des cités mayas au Xe s. et l'époque post-classique du Xe s. à l'invasion espagnole.

La période préclassique débute à la fin du néolithique dans la région, avec la sédentarisation des population et le développement de l'agriculture (maïs, courges, etc). La céramique se développe alors et montre les premiers signes d'une culture régionale commune.

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(Urne à effigie anthropomorphe, La Lagunita, période pré-classique)

 

Les premiers grands sites apparaissent à partir de 1000 avant J-C et se multiplient entre les Ve et et IIe s. avant notre ère, tandis que les premières écritures se développent.

Tous ces éléments atteignent leur apogée lors de la période dite classique. C'est à cette époque que les cités mayas (a priori rivales ou alliées selon l'humeur, le monde maya ne connaissant visiblement aucune unité politique ni pouvoir central) sont au sommet du développement de l'écriture hiéroglyphique, devenue très complexe et que les échanges sont les plus intenses. Et cela jusqu'au début du Xe s. où, pour une raison encore inexpliquée malgré la multitude d'hypothèses, l'ensemble de la civilisation s'effondre en quelques décennies. L'expression artistique de cette époque atteint un haut degré de finesse, comme pour ce charmant jaguar, en partie peint et en partie en relief.

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(Ecuelle à couvercle et anse en forme de jaguar, Tikal, période classique)

 

La période post-classique s'étale ensuite sur plusieurs siècles durant laquelle la situation politique, plus précaire et sans doute radicalement transformée, se traduit en art par la recherche de nouvelles formes, moins spectaculaires et à vrai dire beaucoup moins représentées dans l'exposition.

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(Grand encensoir représentant un jaguar, San Andres Sajcabaja, période postclassique)

 

Enfin, une dernière section, surtout composée de photographies, évoque la vie des populations mayas aujourd'hui. Belles photos et sympathique initiative, mais qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Il est néanmoins intéressant de voir quelques éléments sur le syncrétisme chrétien-maya qui s'est opéré chez beaucoup et que l'église catholique de façon plutôt bienveillante. 

 

Pour finir, deux ou trois éléments étonnants ou intéressants que je souhaite évoquer rapidement :

Tout d'abord ce que les archéologues appellent des "excentriques". Il s'agit d'objets en pierre, silex ou obsidienne qui, par leur forme volontairement biscornue et unique, n'ont pas pu avoir d'usage pratique comme un couteau ou une pointe de flèche. Leur utilisation et leur signification étaient probablement liées au culte.  

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(Deux beaux exemples d'excentriques, période classique)

 

Une mention particulière pour l'utilisation de la vidéo dans cette exposition, avec tout d'abord une explication très claire sur le calendrier maya, un système très complexe. Juste à côté, la section sur l'écriture maya est petite mais franchement très belle. On regrettera que l'organisation et la signification des glyphes ne soient pas plus approfondis. De même, dans la petite salle de la mezzanine, on peut découvrir une vidéo d'une quinzaine de minutes, qui mérite vraiment qu'on s'y arrête; elle présente l'archéologue Richard Hansen à l'oeuvre sur le site d'El Mirador.

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(Panneau I de La Corona, La Corona, période classique)

 

Dans un genre très différent, j'ai aussi beaucoup aimé cette scène peinte sur vase en céramique, qui nous apprend notamment que le vassal pouvait à l'occasion offrir à son suzerain un bébé jaguar tout mignon. 

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(Vase cylindrique polychrome, Tikal, période classique)

 

Plus loin, un exemple de mutilation dentaire avec des incrustations de jade. Ce genre de pratique semble avoir existé depuis les périodes les plus anciennes du préclassique jusqu'à la fin de la civilisation maya, pour des raisons sans doute esthétiques mais aussi pour marquer une position politique. 

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(Mâchoires à dents incrustées de jade, Altar de Sacrificios, période classique)

 

Une dernière pièce vraiment exceptionnelle pour finir : ce superbe bijou réalisé avec des coquillages, qui représente un personnage surnommé "Dieu de la mort". On ne peut qu'être admiratif de la qualité du travail et de l'originalité du matériau et de la technique utilisée. 

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(Mosaïque de coquillages, Topoxte, période classique)

 

Sur ce, je m'en vais voir un peu sur les rives du Bosphore s'il y fait meilleur que sur celles de la Seine! Et si d'aventure vous y passez bientôt, à Paris, une visite de cette belle exposition (et du musée en général) pourrait sans peine agrémenter une journée pluvieuse.

A bientôt.

 

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(Plat tétrapode, Péten, période classique)

 

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