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Nouvelle Feuille
4 septembre 2011

Au coeur de la deuxième Rome

 

Je sais que ce n'est pas une excuse pour mon retard lamentable dans mes billets de blog, qui à ce rythme vont s'égréner jusqu'à Noël, mais je manque de temps...

Ceci étant dit, nous abordons la fin de notre première vraie journée à Istanbul avec une balade dans le coeur historique, sur cette sorte de place cernée de monuments incroyables : Ste-Sophie à un bout, la Mosquée bleue à l'autre, l'ancien Hippodrome à peine plus loin et Topkapı quelques dizaines de mètres plus en arrière. Et je ne parle là que des plus connus, ceux dont nous avons tous entendu parler un jour.

Après notre fort éreintante visite de Topkapı, nous nous dirigeons vers cette place et décidons de chercher un moment qui conjugue à la fois repos et beauté en pénétrant dans la mosquée de Sultanahmet ou Mosquée bleue. Son nom ne vous évoque peut-être rien, mais sa silhouette vous est forcèment familière; elle symbolise Istanbul à elle seule, à tel point qu'elle est souvent confondue avec Ste-Sophie avec laquelle elle n'a pourtant pas grand chose en commun.

Silhouette de Sultanahmet

(Une magnifique mosquée ottomane est cachée dans ce paysage, sauras-tu la retrouver? Indice : regarde derrière le palmier)

 

Sultanahmet représente l'apogée de l'architecture ottomane classique; tardive, celle-ci, contrairement aux trois quarts des autres, n'est pas l'oeuvre de Sinan mais de l'un de ses élèves, Mehmet Ağa. Commandée par Ahmet Ier pour faire pendant à la splendeur de Ste-Sophie, elle frappe par la légèreté et la pureté de ses lignes, au point de faire paraître Ste-Sophie un peu lourde, avec ses multiples contreforts. L'architecte est parvenu à faire à la fois imposant et élégant.

Comme la plupart des mosquées ottomanes, elle est composée de deux parties distinctes, souvent de taille comparable : une cour fermée avec une fontaine et un jardin, sorte de relecture locale du jardin de Paradis cher aux Persans, et la salle de prière proprement dite, couverte de multiples coupoles, qui représente ici la partie byzantine de l'héritage ottoman. On entre dans la cour par une porte à muqarnas monumentale.

Entrée de Sultanahmet

(Entrée de la cour de la Mosquée bleue)

 

Une fois passée la porte, la vision de la mosquée proprement dite est un choc. Je sais que je risque sans doute de le redire souvent, tant les monuments sont exceptionnels sur ce dernier petit bout d'Europe, mais cet endroit merveilleux est l'un des grands moments d'une visite à Istanbul.

A l'intérieur, il se tourne une émission de télévision, ce qui à l'air d'être une habitude ici, car nous en verrons encore d'autres quand nous y retournerons. Si vous regardez bien sur la photo ci-dessous, vous verrez un cameraman, ainsi qu'un homme âgé interrogé par une journaliste blonde.

Sultanahmet (2)

(Mosquée Sultanahmet (Sultan Ahmet Camii))

 

Bien sûr pour l'entrée, on nous emmerde toujours un peu à nous faire passer par des "entrées pour touristes", qui ne servent, à la vérité, qu'à distribuer foulards et pagnes pour ne pas être indécents à l'intérieur. Tout ça sur notre simple aspect physique. Attitude finalement très très raciste, sous-entendant qu'un touriste ne peut pas être européen et musulman et qu'un touriste est, par essence, irrespectueux et pas au courant des usages. Bref, nous finirons par contourner cet emmerdement en simplement prenant l'habitude : on ne regarde pas le fonctionnaire débile (et dieu sait que les fonctionnaires zélés et surabondants sont une réalité en Turquie!), on enlève nos chaussures, ma fiancée met sur ses cheveux le châle qu'elle porte en permanence sur les épaules et nous entrons, comme si nous le faisions tous les jours. 

Sultanahmet, intérieur (6)

(Sultanahmet, Salle de prière)

 

La décoration intérieure est à la hauteur de l'aspect extérieur : les voûtes et coupoles sont magnifiquement peintes tandis que les murs sont couverts de faïence d'Iznik des XVIe et XVIIe s. De toute beauté, c'est cette décoration qui a valu à la mosquée son surnom de Mosquée bleue. Une chose nous frappe et ne cessera de le faire tout au long du voyage : les mosquées sont toujours extrèmement propres et bien entretenues, très très loin de l'état de certaines de nos églises. Beaucoup de beaux bâtiments se dégradent en Turquie, mais pas les mosquées, qui bénéficient visiblement d'un financement abondant, de Sultanahmet à la plus petite d'entre elle. 

Sultanahmet, intérieur

(Sultanahmet)

 

Nous repasserons plusieurs fois par cette mosquée lors de notre séjour à Istanbul, comme ça, pour rien, juste pour s'y asseoir et se reposer dans un cadre superbe.

 

Juste à côté de Sultanahmet se trouve une grande place allongée qui n'est autre que l'ancien hippodrome de Constantinople. Construit par Septime Sévère en 203 puis agrandit par Constantin, ce gigantesque champ de courses bâti sur le modèle du Circus Maximus de Rome, pouvait accueillir jusqu'à 100 000 spectacteurs (à titre de comparaison, aujourd'hui, seul une petite dizaine de stades dans le monde atteignent une telle capacité et le plus grand stade français, le Stade de France, a une capacité maximale de 80 000 spectateurs).

Obélisque de Théodose (2)

(Hippodrome, Obélisque de Théodose)

 

Au milieu de l'ellipse formée par l'hippodrome, se trouvait la spina, sorte de podium autour duquel tournaient les chars. Lieu central du pouvoir impérial romain d'Orient dans ses manifestations publiques, l'hippodrome a vu sa spina s'hérisser d'obélisques et de colonnes. Le palais impérial prenait directement sur l'hippodrome, ce qui permettait à l'empereur d'accéder facilement à sa loge. La base de l'obélisque de Théodose est ornée de très beaux reliefs qui évoquent parfaitement le faste de l'hippodrome et sa place dans la vie civique de Constantinople. 

Obélisque de Théodose, Théodose récompensant les vainqueur des courses 

(L'empereur Théodose récompensant les vainqueurs des courses, fin du IVe s.)

 

On y voit l'empereur Théodose assister aux courses de char dans l'hippodrome, récompenser le vainqueur mais aussi y recevoir l'hommage de Barbares et même, dans une superbe mise en abyme, y superviser l'érection de l'obélisque !

Obélisque de Théodose, Théodose assistant à l'élévation de l'obélisque (2)

(Elévation de l'obélisque de Théodose, fin du IVe s.)

 

En face de cet obélisque s'en trouve un autre, élevé par Constantin Porphyrogénète, surnommé Obélisque muré. En réalité, il s'agit d'une grande colonne faite de blocs de pierres, autrefois recouverts de plaques de bronze doré, volé par les Vénitiens en 1204, comme beaucoup d'autres choses dans le secteur. Hélas, cette colonne était en travaux lors de notre séjour.

Obélisque de Constantin 

(Obélisque muré ou Colonne de Constantin, Xe s.)

 

Et entre ces deux obélisques se trouve une troisième colonne (il y avait à l'origine deux colonnes supplémentaires qui s'élevaient le long de la spina), appelée colonne serpentine. Remarquable sculpture de bronze antique, elle prend la forme de trois serpents enlacés qui forment le fût de la colonne. Hélas, les têtes ont disparu, bien que l'on puisse en voir une dans le musée archéologique. Cette colonne, prise par Constantin au sanctuaire de Delphes, a été réalisée à partir du bronze du butin de guerre prélevé par les Grecs sur les Perses après la bataille de Platées en 479 av. J-C.

Colonne serpentine (2)

(Colonne serpentine, Ve s. av. J-C)

 

Nous remontons ensuite en haut de la colline où est situé l'hôtel, le long de la grande avenue du tramway, la Divan Yolu. Nous passons notamment, puisque nous en sommes aux colonnes, par la Colonne brûlée sur la place de Çemberlitaş. Erigée par Constantin en 330, elle doit son nom à un incendie qui la noircit un peu au XVIIIe s. Ce long fût de porphyre était surmonté d'une statue de Constantin en Apollon, statue aujourd'hui disparue. 

Colonne brûlée

(Colonne brûlée, IVe s.)

 

Le soir tombe doucement sur Istanbul et nous allons nous trouver un endroit où dîner, qui deviendra peu à peu une sorte de "repaire" où nous irons très souvent manger un morceau le soir et boire un thé en jouant aux échecs, dans une ambiance très loin du tourisme de masse et de ses arnaques. Un lieu fréquenté (presque) uniquement par des Turcs.

Le lendemain nous mène, tout naturellement, vers Ste Sophie... 

Silhouette de Ste Sophie

(Le coeur de l'empire byzantin est caché dans cette image... Cette fois, je ne t'aide pas!)

 

 L'entrée à Ste Sophie est payante. Car, on le sait peu, mais si Ste Sophie est devenue une mosquée en 1453, elle ne l'est plus depuis 1935, quand Atatürk en fit un musée. L'avantage, c'est que l'aspect religieux et un peu passionnel du lieu est stoppé. L'inconvénient, c'est qu'un musée, c'est payant. Et quand il est en plein coeur du quartier touristique, il n'est pas donné. Bref. On pénètre par une sorte de petit jardin encombré d'éléments issus des anciennes basiliques élevées sur le lieu.

Eléments de la 1ere Ste Sophie

(Eléments architecturaux)

 

En effet, deux basiliques se sont succédées en ces lieux et n'ont guère duré plus d'un siècle chacune. Celle de Théodose II venait tout juste de disparaître dans les flammes en 532 que Justinien fit construire "la merveille des merveilles" qui est parvenue jusqu'à nous. Une merveille fragile à la silhouette alourdie par les contreforts qui sont venus l'étayer au fil du temps, notamment contre les tremblements de terre.

Ste Sophie (2)

(Contreforts de Ste-Sophie)

 

Avant de pénétrer dans la grande nef centrale, l'on passe par un exonarthex, puis un narthex, avant de passer les Portes royales. Ces deux narthex sont ornés de mosaïques dorées, globalement en bon état; les reconstitutions peintes au XIXe s. sont relativement minimes dans cette partie de l'édifice.  

Ste Sophie, exonarthex ou narthex 

(Narthex ou exonarthex)

 

Cette vision étant la toute première que l'on a de l'intérieur de Ste-Sophie, elle est forcèment marquante, du type "oh, c'est beau et doré!". Et puis, au-delà de cette splendeur, on découvre, en se dirigeant vers la Porte Royale toute habillée de marbre comme l'ensemble de la basilique, la première mosaïque figurative de la visite ou comment prendre des leçons d'art byzantin directement à la source...

Porte Royale, Christ en majesté (Xe s

(Porte royale, Christ en Majesté, Xe s.)

 

Alors que nous allions rentrer sous la coupole proprement dite, nous apercevons ce que nous pensons être un escalier menant aux tribunes. En réalité, si ce passage mène bien aux tribunes, il ne s'agit pas d'un escalier, mais d'une sorte de longue rampe qui rappelle un peu celle du Château Saint-Ange. Les tribunes offrent des vues excellentes sur la nef et abritent quelques petites merveilles de mosaïque. 

Tribune

(Tribunes)

 

Ce sont les tribunes ouest, réservées à l'impératrice et sa suite (et plus généralement aux femmes), qui offrent le meilleur point de vue sur la basilique, permettant de mieux en saisir les volumes et la maîtrise architecturale à l'oeuvre dans cette grande salle sans pilier (c'est le principe même qui sera repris par les mosquées ottomanes : une grande coupole centrale maintenue par d'autres coupoles, demi-coupoles, trompes et pendentifs... et au besoin des contreforts extérieurs).
Une telle coupole et l'espace qu'elle recouvre resteront inégalés jusqu'à la construction de St Pierre de Rome au XVIe s.  

Nef centrale depuis les tribunes

(Ste-Sophie, nef centrale)

 

Les chapiteaux sculptés, magnifiques, sont assez surprenants : très finement sculptés, ils sont non figuratifs et forment des entrelacs vaguement végétaux, portant seulement parfois le monogramme d'un empereur. Tout ici est lié à la symbolique de l'empire byzantin. Au centre de la tribune ouest, l'on voit deux piliers de marbre vert qui situent le lieu de la loge de l'impératrice. C'est une chose frappante d'ailleurs : les impératrices, qui ont rarement fait de la figuration dans l'histoire byzantine, sont également très présentes dans l'art. Ici, chaque mosaïque représentant un empereur nous montre également, en parallèle, son épouse. Mais ce n'est pas le cas sur la première mosaïque dorée que l'on découvre dans les tribunes, peu après la loge de l'impératrice et une grande cloison de marbre percée d'une porte qui séparait la partie des femmes de celle du Patriarche.

Cloison en marbre entre tribune de l'impératrice et celle du patriarcat

(Cloison en marbre sculpté)

 

Il s'agit d'une Déisis, une iconographie particulièrement courante dans l'art byzantin - et par extension orthodoxe - représentant le Christ bénissant entouré de la Vierge et St Jean-Baptiste qui prient pour le salut des pêcheurs. La Déisis de Ste-Sophie date du début de l'époque Paléologue et n'est rien moins, malgré sa partie inférieure abîmée, qu'une des oeuvres byzantines les plus connues et les plus belles qui nous soient parvenues.

Déisis

(Déisis, 1261)

 

Tout au fond, deux panneaux de mosaïques situés de part et d'autre d'une fenêtre (ce qui explique la grosse tache blanche sur mes photos...) sont une vraie leçon d'iconographie impériale, exaltant le pouvoir des souverains byzantins en même temps que leur lien privilégié avec la religion.

C'est tout d'abord une représentation d'une Vierge à l'enfant, entourée par l'empereur Jean II Comnène et l'impératrice Irène de Hongrie. Sur le côté, moins visible, une mosaïque représente leur fils, Alexis Comnène, mort de la tuberculose l'année même de la création de la mosaïque, ce qui explique sans doute sa présence inattendue ici. 

Vierge à l'enfant entourée de Jean II Comnène et l'impératrice Irène (1118)

(Mosaïque des Comnène, 1122 environ)

 

De l'autre côté de la fenêtre, la composition générale est similaire bien qu'elle soit plus ancienne d'environ un siècle. Ici, c'est le Christ bénissant qui est entouré par le couple impérial, en l'occurence Constantin IX Monomaque et l'impératrice Zoé. Il semble qu'avant Constantin ait été représenté les deux précédents maris de Zoé, tous deux empereurs (Romain III Argyre et Michel IV). 

Christ entouré de Constantin IX Monomaque et l'impératrice Zoé (2)

(Mosaïque de l'impératrice Zoé, XIe s.)

 

Arrivés au bout de la tribune (où l'on voit bien les mosaïques de l'abside), nous repartons dans l'autre sens explorer la tribune nord, celle d'en face. Les tribunes sont frappantes, surtout comparées à ce que l'on voit en dessous, par la bonne conservation des mosaïques géométriques qui ornent les arcs et pas mal de recoins. Alors certes, la peinture remplace souvent les trous, néanmoins de très larges espaces possèdent encore la mosaïque originelle et pas les repeints très "Viollet-le-Duc". des frères Fossati, restaurateurs de la basilique au milieu du XIXe s. 

Dans la galerie des tribunes

(Tribune sud)

Dans un coin, on remarque aussi une simple inscription par terre "HENRICUS DANDOLO", qui marque l'emplacement de la tombe d'Enrico Dandolo. Un personnage étonnant que ce vieux doge de Venise responsable du sac de Constantinople en 1204 et mort sur place l'année suivante à 98 ans. Pas rancuniers les byzantins... 

 

La tribune nord, moins intéressante, vaut surtout pour la mosaïque du début Xe s. représentant l'empereur Alexandre en habits de cérémonie et pour les superbes points de vue sur l'abside et sa Vierge à l'Enfant du IXe s., entourée de part et d'autre par les archanges Michel (presque disparu) et Gabriel. 

Abside (2)

(Abside, Vierge à l'Enfant, 867)

 

Nous redescendons ensuite pour visiter la partie basse. Là, dans les vestibules dont ne subsiste presqu'aucune mosaïque, on comprendra mieux de quoi je parlais en évoquant les travaux des frères Fossati. Et l'on admirera aussi au passage les arcs un peu tordus des architectes byzantins.

Vestibule (2)

(Vestibule avec des gens dedans)

 

Malgré le sac de 1204 par les Croisés qui pillèrent l'ensemble du mobilier liturgique, la vaste nef de la basilique abrite tout de même pas mal de choses intéressantes, à commencer par ce couple d'énormes jarres en marbre monolithe, improbables sculptures hellénistiques rapportées de Pergame par le sultan Murat III. 

Jarre hellénistique en marbre

(Jarre hellénistique)

 

Si Ste Sophie fut pendant mille an le coeur du christianisme byzantin, il ne faut pas oublier qu'elle fut également pendant quatre siècles l'un des mosquées les plus prestigieuses du monde musulman. Bien que les Ottomans aient globalement respecté le lieu, se contentant de badigeonner légèrement les mosaïques), il a fallu, pour en faire un authentique lieu de culte islamique, lui ajouter quelques éléments ainsi que la touche nécessaire à la gloire des Sultans. Ainsi, dans quelques parties peu visibles, Ste Sophie s'orne de faïences d'Iznik.

Faïences d'Iznik (2)

(Panneaux de faïence d'Iznik)

 

Au XIXe s., un calligraphe réalisa les immense cartouches qui sont accrochés sur les pilastres, tandis que plusieurs siècles avant, l'on avait installé un superbe minbar et la loge du muezzin, tous deux en marbre sculpté.

Minbar

(Minbar, XVIe s.)

 

Et surtout, encore plus récemment, un chat s'est installé au pied du minbar et y fait, malgré la foule qui fréquente le lieu, d'agréables siestes.

Chat au pied du minbar

(Le gardien du minbar)

 

Bien sûr, pour indiquer la direction de la prière, il fallut aussi installer un mihrab, très beau mais légèrement décalé par rapport à l'abside. Eh oui, Jérusalem et La Mecque ont beau être dans la même direction, les deux villes saintes ne sont tout de même pas parfaitement alignées...

Les deux chandeliers monstrueux qui flanquent le mihrab ont été rapportés par Soliman après la conquête de la Hongrie.

Mihrab (2) 

(Mihrab, XVIIIe s.)

 

Un agencement de marbres colorés, dans un coin, symbolise l'Omphalos, l'origine du monde, le lieu symbolique où étaient couronnés les empereurs byzantins. 

Omphalos

(Omphalos)

 

Après encore quelques tours et détours pour admirer de-ci de-là un détail ou le superbe parement de marbres de couleur, nous quittons la basilique proprement dite pour en parcourir les abords immédiats. Nous aurons passé plus de deux heures à l'intérieur de la basilique.

 

A l'extérieur de la basilique se trouvent plusieurs bâtiments ottomans, notamment une très jolie fontaine aux ablutions rococo, ainsi qu'une salle de l'horloge et de petites cuisines. 

Fontaine aux ablutions et minarets

(Fontaine aux ablutions, 1740)

 

Pour voir la suite et quitter encore un peu plus le côté byzantin pour vraiment se trouver de plain-pied dans le côté ottoman d'Istanbul/Constantinople, il faut marcher un peu et contourner sur une cinquantaine de mètres les murs de Ste Sophie. On se retrouve alors dans un petit jardin à l'entrée gratuite (!) où s'élève plusieurs türbe, ces tombeaux que nous rencontrerons souvent pendant notre voyage. Il s'agit d'un véritable petit mausolée à l'intérieur duquel, déchaussés, l'on entre pour voir de grands catafalques tendus de vert, parfois surmontés d'un turban. Et si l'on a de la chance, le türbe en question vaut le coup soit par son architecture soit par sa décoration... C'est le cas ici des türbe des sultans Murat III, Selim II et Mehmet III. 

Türbe de Mehmet III (4) 

(Türbe de Mehmet III, début XVIIe s.)

 

Le tombeau de Sélim II est intéressant notamment par un des panneau de céramique qui en orne l'extérieur. En effet, celui-ci n'est pas l'original, le vrai se trouvant au Louvre où il a été ramené par un collectionneur qui l'avait acheté sur place. En échange, la France a fait donner une reproduction sorti de la manufacture de Choisy-le-Roy. Paradoxes de l'histoire... 

Türbe de Selim II, panneau extérieur (il y a le même au Louvre)

(Faïence turque ou française, XVIe s. ou XIXe s....)

 

Dans le tombeau de Sélim II, comme souvent, les sépultures sont nombreuses. En effet, outre le sultan et ses femmes, il s'y trouve 17 de ses enfants, étranglés à l'avènement de Murat III. La tradition a en effet longtemps voulu (jusqu'au début XVIIe s. semble-t-il) qu'un nouveau sultan fasse assassiner les prétendants possibles (en l'occurence, ses frères) pour éviter soucis dynastiques et complots potentiels.

Türbe de Murat III et tombeau des Princes

(Tombeau de Murat III (1577) et tombeau des Princes (fin XVIe s.)

 

Le türbe de Murat III quant à lui présente de superbes mosaïques d'Iznik aux jolis tons rouges et bleus.

Türbe de Murat III (2)

(Türbe de Murat III, 1599)

 

On s'arrête là pour cet article déjà bien long. Pour le suivant, on attaque le premier musée du voyage. Notez tout de même : un jour et demi sur place avant d'entamer le premier musée! Nous avons pris notre temps cette année!

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