Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nouvelle Feuille
6 janvier 2013

Vous reprendrez bien un petit peu de Strasbourg?

Allez, pour la route, encore un petit coup avec Strasbourg. A notre retour de l'Europa-Park, nous avons mangé et dormi, mais le lendemain, notre train n'était qu'à 11h46, il nous fallait donc nous occuper d'ici là et nous n'avions pas le temps pour un musée. Alors, quelle meilleure façon que de déambuler dans les rues du centre historique de cette belle ville?

Crédit Mutuel, détail

(Strasbourg, façade du Crédit mutuel, rue des hallebardes)

 

Tout naturellement, nos pas nous mènent encore et toujours vers la place de la cathédrale. Comme nous sommes de vilains curieux, voyant la messe qui débutait, nous nous y sommes rendus. Alors non, nous ne sommes ni bigots ni même croyants, mais nous avons toujours trouvé intéressant d'observer les manifestations religieuses et de les comparer entre elles, en particulier en ce qui concerne le catholicisme. Car pour être uni en façade sous l'autorité du Pape, les messes et autres cérémonies catholiques varient beaucoup d'un pays et d'une région à l'autre. Etant en Alsace, sur une terre de Concordat et dans la grande cathédrale, nous espérions secrètement observer des éléments différents du reste de la France. Bon, il faut bien avouer une légère déception à ce sujet, car la seule vraie différence est la présence, parmi les sermons et lectures, d'un passage lu en allemand. Nous pensions repartir sur cette impression lorsque, après la communion, un type bariolé, avec une hallebarde, se pointe, arpente l'allée centrale et s'en va dire un mot au curé. Je n'ai bien entendu pas pris de photo, mais ça nous a surpris.

Piqué par la curiosité, nous tentons à la fin de la messe d'attraper le curé. A défaut, nous trouvons un des multiples assistants-gardiens qui sont dans la cathédrale et qui nous répond avec l'air de nous prendre pour des crétins : "Ben, c'est un suisse!". Voilà voilà voilà... Nous n'étions pas plus avancés et pensions qu'il s'agissait là - enfin - de la bizarrerie locale que nous attendions.

L'épilogue de l'affaire me fut donné quelques semaines plus tard, lors d'une banale conversation avec ma grand-mère. Parlant rapidement de la question, elle me répond : "Oui, c'est le suisse." Je lui demande de quoi il s'agit, et elle de m'expliquer que pendant son enfance (années 1930-1940), il y avait en effet un "suisse" qui assurait l'aide aux paroissiens, plaçait hommes et femmes chacun de son côté, etc... le tout avec son bâton et la hallebarde les grands jours. Et tout cela dans la petite ville d'Eloyes, dans les Vosges. Cela n'avait donc rien à voir avec le Concordat. Enquête faite, le suisse est une sorte de bedeau amélioré, un poste tenu par un paroissien, et dont la plupart ont disparu progressivement au XXe s. Il n'en resterait, a priori, que trois en France aujourd'hui. Nous pourrons au moins dire que nous vîmes l'un d'entre eux.

Fanfare (2)

(Petite fanfare)

 

A notre sortie de la cathédrale, nous tombons sur une petite fanfare, suivie d'une dame en costume traditionnel et d'enfants montés sur des ânes. Il s'agit en fait d'une petite fête locale organisée pendant le week-end. Ce week-end là est d'ailleurs également celui des journées du patrimoine. Nous regrettons de ne pouvoir faire la visite, organisée l'après-midi, des fouilles du camp de la légion romaine effectuées par l'Inrap, mais nous nous rabattons sur le côté de la cathédrale, où la Fondation de l'Oeuvre Notre-Dame organise des démonstrations des différents métiers de la restauration employés pour les travaux sur la cathédrale.

Métiers de restauration, journées du patrimoine

(Les métiers de la restauration, animation de la Fondation de l'Oeuvre Notre Dame)

 

Cela nous permet aussi d'accéder aux espaces rarement visibles qui sont situés dans ce coin de la cathédrale, comme la salle du "Petit Trésor", qui abritait autrefois la salle d'archives de la Fondation. Malgré son nom, le "Petit Trésor" semble plus avoir fait office de lieu de conservation des chartes et documents plutôt que de lieu de rangement pour le Trésor de la cathédrale. Le principal intérêt de cette petite salle voûtée réside surtout dans la qualité de ses quelques éléments décoratifs sculptés. Cette salle a été construite par l'architecte Hans Hammer (le sculpteur de la chaire de Jean Geiler de Kaysersberg dont j'ai parlé dans un précédent article), dont le portrait figure peut-être à l'entrée de cette salle.

Entrée du Petit Trésor

(Entrée du "Petit Trésor", portrait présumé de Maître Hans Hammer, 1488)

 

L'accès à cet espace permet aussi, au passage, d'admirer d'assez près certaines gargouilles.

Gargouille

(Gargouille)

 

Les stands tenus par les artisans des différents métiers d'art employés par la Fondation sont passionnants et les éléments qu'ils exposent permettent de mieux se rendre compte de leur travail et de la qualité qu'on exige de leur part. A nos questions, il est répondu que la cathédrale mélange allégrement les éléments d'origine, les restaurations du XIXe s. et les restaurations contemporaines, que l'ensemble est remarquablement bien documenté (avec une seule et même institution gérant ces questions depuis au moins huit siècles, c'est en effet fort possible) mais que seul un homme du métier peut distinguer du premier coup d'oeil les parties restaurées et leur époque de restauration.

Moulage d'une console

(Moulage d'une console, église St Pierre le Jeune protestante, Strasbourg)

 

Travail d'apprenti

(Travail d'apprenti)

 

Parmi les éléments de curiosité présents sur les murs de cette petite zone, on découvre ce magnifique graffiti signé d'un certain P. Schabel et qui nous montre un chameau, animal - il faut en convenir - assez peu fréquent dans la plaine d'Alsace. Je ne crois pas que l'on en connaisse la date exacte, mais il date probablement de l'époque moderne et pas du Moyen Âge. La photo ne rend pas bien, n'hésitez pas à cliquer pour zoomer.

Graffiti médiéval, chameau (2)

(Graffiti de chameau)

 

Voilà qui achève ce compte-rendu plutôt fourni de notre beau week-end de début d'automne, qui combinait avec bonheur le plaisir de la promenade dans la belle architecture strasbourgeoise, la découverte de la culture "traditionnelle" alsacienne et les joies du parc d'attraction. 

DSCN0557

(Enseigne : ours (?) mangeant un bretzel)

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Nouvelle Feuille
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité