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Nouvelle Feuille
20 septembre 2008

Les soldats de Salamine

Livre journalistique, enquête sur un épisode anecdotique et pourtant universel, ces « Soldats de Salamine » sont l’une des plus belles réflexions à la fois sur les utopistes qui mènent le monde au suicide collectif, la création littéraire, et l’héroïsme.

Javier Cercas, journaliste réussi mais écrivain raté à l’époque, décide d’enquêter sur l’histoire peu banale de Rafael Sanchez Mazas, un « bon écrivain », fondateur et théoricien de la Phalange espagnole, le parti de Franco. Tombé aux mains des républicains, il échappe de justesse à une exécution, un soldat républicain lui épargnant la vie.

Tout le livre tourne autour de cette histoire et des questions qui en naissent. La première partie raconte l’histoire de l’enquête sur l’écrivain, la seconde l’histoire en elle-même. Et la dernière, sans doute la plus profonde et touchante, l’histoire de la rencontre (grâce à l’écrivain chilien Bolaño, paix à son âme) avec Miralles, un ancien soldat républicain, un héros malgré lui, qui fit tous les combats de la guerre civile, puis ceux d’Afrique avec les « clochards épiques » de Leclerc, jusqu’au Nid d’aigle, avant de retrouver une retraite anonyme en France. Ce vieil homme, au-delà de sa propre histoire, et de celle de Sanchez Mazas, donne une leçon profonde sur la vie, le sens de l’héroïsme, et l’oubli.

Profond et touchant (et pour un espagnol, sans doute bouleversant), un livre tout simple et très beau, qui se lit très vite, comme un roman policier, un roman vrai, celui de l’Espagne déchirée.

salamine

Citations :

Les chansons tristes
« […] dans le silence de la nuit la mélodie et les paroles les plus tristes du monde, ainsi que le miroir affligeant de sa jeunesse ratée et du lamentable avenir qui l’attendait. »
p.156

« Il fut cependant le meilleur des écrivains de la Phalange : il laissa une poignée de bons poèmes et une poignée de bons textes en prose, ce qui est bien plus que ce à quoi presque tout écrivain peut aspirer, mais bien moins que ce qu’exigeait son talent, toujours supérieur à son œuvre. »
p.182

(septembre 2005)

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