Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nouvelle Feuille
7 janvier 2009

Londres 2009 (I)

Lundi matin, le jour ne s'est pas encore bien levé sur Paris. Du ciel bas tombe une neige lourde. Nous sommes en marche pour passer une sorte de week-end différé (un mid-week en fait) à Londres. Passés les divers emmerdements et contrôles de la "frontière" pour prendre le train, nous voici installés dans l'Eurostar.

Arrivés à la gare de Saint-Pancras à Londres, où il fait froid mais neige beaucoup moins qu'à Paris, nous marchons jusque Trafalgar Square et Picadilly Circus, avant d'aller à la première étape importante et sans doute la plus exceptionnelle de nos deux jours à Londres: l'exposition Byzantium qui se tient à la Royal Academy of Arts.

Cette exposition est remarquable par bien des points. Tout d'abord, à l'exception d'un très léger bémol vers la fin, elle est remarquablement organisée, à la fois chronologique puis thématique, et surtout, la plupart des objets présentés n'étaient jamais sortis de leur lieu de conservation et certains, en raison de leur extrême fragilité, ne ressortiront plus jamais. C'est donc l'exposition du moment, à ne surtout pas louper (et dont en France, tout tournés vers Picasso au Grand Palais que nous sommes, nous ne parlons surtout pas), qui se tient jusqu'au 22 mars.

Successivement l'on découvre des oeuvres d'art évoquant la création de Constantinople sur le site de Byzance par l'empereur Constantin, puis son essor comme "seconde Rome" et capitale de l'Empire romain d'orient, notamment sous le règne de l'empereur Justinien. Les explications données, malgré notre maîtrise relative de l'anglais, sont tout à fait éclairantes pour un néophyte tel que moi et parviennent à mieux me faire entr'apercevoir la civilisation byzantine dans toute son originalité et sa maîtrise artistique.

byzantium1
(Icône de l'Archange Michel, Constantinople, XIIe s., Venise, Trésor de la Basilique Saint-Marc)

La crise iconoclaste du VIIIe est bien évoquée, notamment avec ce superbe psautier dont la page évoque un inconoclaste détruisant une image, mis en relation avec la Crucifixion, faisant ainsi d'un iconoclaste l'équivalent des bourreaux du Christ.

byzantium7
(Psautier, Constantinople vers 843, Musée historique de Moscou)

Les règnes des empereurs, la vie à la cour et les évènements politiques sont ainsi évoqués, mais les aspects plus quotidiens ne sont pas oubliés. Ainsi une section consacrée à la maison nous présente, entre autres objets quotidiens, une tunique d'enfant magnifiquement conservée - une rareté en ce qui concerne les tissus. Les autres sections sont consacrées à la vie religieuse et l'art qui en découle, en particulier celui des icones, plus ou moins raffinées à mesure que l'on s'éloigne de Constantinople (celles de Serbie sont, en particulier dans le traitement des visages, relativement laides il faut bien le dire).

byzantium4
(Encensoir en forme d'église, Constantinople, XIIe s.(?), Venise, Trésor de la Basilique Saint-Marc)

Sur les rapports, fréquents, tantôt violents (sac de Constantinople en 1204) tantôt apaisés, avec l'Occident, la question est posée de savoir si l'art byzantin est à l'origine ou non de la Renaissance en Italie. Question qui, après la visite de l'exposition, reste ouverte, tant il est vrai que si le dialogue artistique entre Byzance et l'Occident existe, la Renaissance créé des formes nouvelles bien loin de l'imitation des oeuvres byzantines. La question de l'héritage de Byzance après sa chute en 1453 est également présente, tant l'empire byzantin a influencé, culturellement et artistiquement, une grande partie de l'Europe orientale et de la Russie.

byzantium3
(Icône en mosaïque de Saint-Etienne, Cathédrale Sainte-Sophie de Kiev)

Enfin, et c'est là le principal reproche que l'on peut faire à cette exposition, une dernière pièce nous présente une sélection d'oeuvres exceptionnelles prêtées par le Monastère Sainte-Catherine du Sinaï. S'il n'y a rien à redire sur cette partie, on peut néanmoins se demander pourquoi elle intervient ainsi en toute fin d'exposition, un peu comme un cheveu sur la soupe, une pièce rapportée, alors qu'elle se serait parfaitement insérée entre la partie consacrée à la vie religieuse et celle consacrée aux icones.

byzantium2
(Icône, Jugement dernier (?), Constantinople ou Sinaï, fin XIIe s., Monastère Ste-Catherine du Sinaï)

Pour les amateurs de mystère, de légendes, d'ésotérisme et d'anecdotes, sachez que parmi les pièces présentées se trouve le Calice d'Antioche, qui fut un temps considéré comme le Saint Graal... si d'aventures vous ne savez pas qu'Indiana Jones l'a laissé dans une faille à Pétra en Jordanie...

byzantium5
(Calice d'Antioche, sans doute VIe s., Metropolitan Museum of Arts de New-York)

Publicité
Publicité
Commentaires
Nouvelle Feuille
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité