Lyon (I): Rugir de plaisir?
Pour des raisons diverses, mais surtout liées aux études de Louise, nous avons passé l'essentiel de la semaine à Lyon. Elle la plupart du temps en séminaire et moi en promenade à travers la 2e ou 3e ville de France. Heureusement, malgré ces longues et fatigantes journées, nous avons quand même découvert pas mal de choses ensemble!
Nous arrivons donc en soirée à Lyon après un voyage en train pénible (une heure de retard...). Le temps de trouver notre hôtel près de l'atroce gare de Perrache et de chercher un restaurant le soir dans la Presqu'île. Après quelques déboires, nous finissons par dîner dans un petit bouchon de la Presqu'île, qui ne paie vraiment pas de mine mais qui sert des spécialités lyonnaises succulentes: la quenelle n'a rien à voir avec celles que l'on trouve ici en supermarché (bien que la qualité de celles-ci se soient bien améliorée depuis quelques années). Bref, nous mangeons bien et allons dormir. Las notre chambre donne sur la rue et celle-ci accueille près d'un distributeur à boissons une population assez bruyante.
Le lendemain, nous rejoignons la jolie place des Terreaux, encadrée par une fontaine signée Bartholdi (destinée à l'origine à la ville de Bordeaux comme allégorie de la Garonne, elle a fini ici comme allégorie de la Saône...), l'Hôtel de Ville du XVIIe siècle et le Palais St-Pierre qui accueille le musée des Beaux-Arts où se déroule la majeure partie du séminaire.
(Place des Terreaux)
Comme nous sommes de bon matin et que la forme est plutôt là, je me dis que monter vers Fourvière peut constituer une première promenade sympathique. Je passe donc rapidement dans le Vieux-Lyon et entame la montée des 200 marches de la montée des Carmes Déchaussés.
(Montée des Carmes Déchaussés)
Au bout de très exactement 238 marches, j'arrive enfin au sommet: la montée se poursuit mais de façon plus douce, sur un court et charmant secteur pavé.
(Sommet de la montée des Carmes Déchaussés)
Las, une petite surprise attendait mes pauvres jambes pourtant encore vaillantes: cette petite zone pavée n'est en rien le sommet et Fourvière est encore loin. A 560 marches précisèment...
(Montée Nicolas-de-Lange)
Ceci dit, la pénibilité de la montée est compensée par son charme et surtout, dès que l'on se retourne, par les superbes vues de l'agglomération au-dessus de laquelle l'on s'élève progressivement. Et enfin, j'arrive à la tour métallique, sorte de reproduction de la Tour Eiffel en modèle réduit et surtout, j'aperçois, toute proche, la silhouette de la basilique de Fourvière.
(Vers la basilique)
Sur l'esplanade qui jouxte la basilique, la récompense de mes efforts m'attend: une vue superbe, un lieu quasiment désert et surtout un banc.
(Esplanade de la basilique de Fourvière)
Depuis ce promontoire, la vue sur l'ensemble de sa ville est superbe malgré la brume. Ici on appréhende les principaux points saillants de la ville, depuis le Vieux Lyon aux pieds de la colline avec la cathédrale, la grande roue de la place Bellecour, les tours de la Part-Dieu, etc...
(Vue depuis Fourvière; cathédrale au premier plan, au-delà vue sur la place Bellecour)
La basilique de Fourvière a été érigée à partir de 1872 suite au voeu des Lyonnais de construire une église à la Vierge si leur ville était épargnée par l'invasion prussienne de 1870. Malgré sa construction relativement récente et son style particulier, vaguement néo-byzantin, elle s'élève à côté d'une chapelle bâtie dès le XIIe s. (rebâtie au XVIIIe s.) sur l'emplacement de l'ancien forum romain qui s'était effondré sur lui-même au IXe s. Le nom de Fourvière viendrait d'ailleurs de ce forum vetus.
(Façade de la basilique N-D de Fourvière)
L'intérieur de la basilique est pour le moins... chargé. Or, sculptures à profusion, couleurs vives, mosaïques, tout y est pour surprendre le visiteur. Et les visiteurs doivent être assez nombreux dans le coin, si j'en juge par les touristes japonais qui se trouvaient là, en plein mois de mars, à découvrir ces lieux. L'été, le lieu doit être surfréquenté.
(Voûte)
Les mosaïques de la nef sont superbes et témoignent du goût de la fin du XIXe s. Elles représentent d'un côté la Vierge dans l'histoire de l'Eglise et de l'autre la Vierge dans l'histoire de France.
(Jeanne d'Arc, mosaïque, N-D de Fourvière)
La basilique possède aussi une crypte, qui est en réalité une véritable église basse. Moins chargée que l'église haute, elle arbore tout de même un décor très coloré. Elle a été dédiée à Saint Joseph par l'architecte Bossan, qui vouait un culte particulier à ce saint.
(Choeur de la crypte)
Curiosité, la crypte accueille plusieurs petites chapelles, toutes dédiées à la Vierge, mais à chaque fois une Vierge symbolique d'une communauté étrangère présente en France: Czestochowa (Pologne), Vailankanni (Inde du sud), Fatima (Portugal)...
(Notre Dame de la Santé de Vailankanni)
Je m'aventure ensuite dans le "parc des hauteurs" pour une petite balade panoramique qui démarre à le long de l'ancienne ligne de tramway de Loyasse. En service de 1900 à 1937, elle a été la plus petite ligne de France (800 m.) et servait à acheminer les cercueils depuis la basilique jusqu'au cimetière. Aujourd'hui, il n'y a plus de tramway mais un parc plutôt bien mis en valeur; la promenade est agréable sous le beau temps de ce matin-là et les vues sont imprenables.
(Parc des hauteurs)
Je poursuis ma promenade jusqu'aux ruines romaines, mais pris par le temps, je n'ai guère le loisir de m'y attarder. J'y reviendrai un autre jour. Je remonte donc vers la basilique d'où je prends le funiculaire pour redescendre vers la cathédrale.
(Basilique de Fourvière et l'ancienne chapelle de la Vierge)
Nous mangeons sur la place des Terreaux (où se déroule une petite manifestation anti-nucléaire suite aux évènements que l'on connaît) avant de partir rapidement vadrouiller dans le Vieux Lyon, avec pour objectif la découverte de la cathédrale. Nous passons, au hasard de nos pas, devant l'une des quelques fresques qui ornent de grands pans de murs de la ville (nous y reviendrons). Celle-ci est une sorte de bibliothèque géante.
(Fresque de la bibliothèque)
Pour arriver à la cathédrale, nous traversons les rues du Vieux Lyon, qui forment l'un des plus ensembles civils de la Renaissance (et de la fin du Moyen Age) en France. Nous y reviendrons également lorsque j'évoquerai la demi-journée que j'ai passé à l'arpenter et à "trabouler".
(Vieux Lyon)
La cathédrale est moins célèbre que la fameuse basilique de Fourvière mais pas moins digne d'intérêt. Hélas, sa façade donnant sur le Vieux Lyon était en travaux...
(La cathédrale vue depuis la Presqu'île)
La cathédrale (aussi appelée primatiale, du "Primat des Gaules"), est un édifice gothique issu d'une base romane encore visible dans l'abside. A priori l'abside comporte encore pas mal d'éléments romans et de chapiteaux, mais l'absence de déambulatoire permet difficilement d'en juger directement.
(Choeur de la cathédrale)
Sur la gauche se trouve une petite merveille: une horloge astronomique du XIVe s. Nous avions de la chance de nous trouver dans la cathédrale quelques minutes avant 14h00, l'une des heures où le mécanisme se met en place (et ici, contrairement aux malpolis de Strasbourg, on ne vous évacue pas comme des malpropres lorsque l'horloge s'active). Les animations sont très étonnantes: le coq au sommet chante pour signaler que l'ensemble va se mettre en branle. Puis les personnages commencent à s'animer: Les anges jouent, la Vierge vit l'Annonciation tandis que l'Esprit Saint, sous la forme d'une petite colombe, passe à travers la trappe qui se trouve au-dessus de sa tête, Dieu le Père bénit tout le monde, etc...
(Horloge astronomique)
Pour l'anecdote, signalons que cette cathédrale assez austère fut le lieu du mariage d'Henri IV et de Marie de Médicis en 1600, ce que rappelle une plaque à l'intérieur.
L'après-midi, je m'en repars vers mon hôtel histoire à la fois de me reposer quelques instants et d'apprendre les nouvelles concernant la catastrophe nucléaire au Japon. Je passe devant l'Opéra, un bâtiment construit par Soufflot au XVIIIe s., détruit puis reconstruit en 1826 et 1831 par d'autres architectes. Dans les années 1980, le bâtiment a été réhabilité et a vu notamment son sommet doté d'une grande verrière conçue par l'architecstar Jean Nouvel. Le tout n'est pas d'un trop mauvais effet et ne choque pas spécialement l'urbanisme du quartier.
(Opéra de Lyon; Hôtel de ville en arrière-plan)
L'hôtel comme je l'ai déjà indiqué, se situe tout près de Perrache, à deux pas de la place Carnot où se dresse une grande statue dédiée à la République qui gratouille le sommet du crâne d'un lion affectueux. Ou comment signifier l'attachement de la ville à la République...
(Monument "A la gloire de la République", place Carnot)
Le temps de me reposer un peu et je suis reparti vers d'autres lions : ceux qui gardent l'entrée du stade Gerland.
(Entrée du stade Gerland)
Ce stade est celui où évolue l'équipe de l'Olympique Lyonnais, multiple championne de France et au palmarès brillant. Mais je rassure tous ceux qui me connaissent: non, je ne suis pas devenu fan de football, non je n'ai pas développé une passion pour le club de Lyon; je vais bien. J'étais simplement parti vers ce stade parce qu'outre l'aspect sportif, il s'agit d'un morceau de bravoure du grand architecte lyonnais du début du XXe s.: Tony Garnier.
(Stade Gerland)
Tony Garnier est l'un des principaux représentants de l'architecture fonctionnaliste (cf. Le Corbusier, Oscar Niemeyer, etc). Si ses idées semblent novatrices et si ces réalisations, malgré leur petit côté "démocratie populaire" avant l'heure, sont plutôt réussies, le béton, matière-reine de l'époque a, comme partout, très mal vieilli...
(Stade Gerland)
Parmi les chef-d'oeuvres de cet architecte lyonnais qui a essentiellement exercé son art dans sa ville natale, il y a la fameuse "Halle Tony-Garnier", à quelques encablures du stade. Comme je suis un être curieux (et courageux malgré le mal aux pattes), je marche jusque là.
(Halle Tony-Garnier)
La Halle est la grande oeuvre de Tony Garnier. Il a réalisé en 1914 cette gigantesque structure de 18 000 m2 d'un seul tenant avec une structure métallique sans le moindre pilier, ce qui représente une prouesse technique et le manifeste de la "Cité industrielle" voulue par Garnier. Elle sert aujourd'hui de salle de spectacles et ne se visite semble-t-il pas en dehors...
(Halle Tony-Garnier)
Un peu plus loin, au bout de la Presqu'île, à la confluence entre le Rhône et la Saône, se situe le chantier du futur musée des Confluences. A priori, ce musée sera constitué de collections à la fois de sciences naturelles et d'anthropologie (mais nous y reviendrons un peu plus tard). J'ignore à quoi il ressemblera une fois achevé, mais ce qu'on aperçoit du chantier n'est pas fort prometteur.
(Chantier du musée des Confluences)
En repartant vers la Presqu'île, du côté de la place des Terreaux, je m'attarde sur quelques jolis immeubles, à commencer par celui-ci, orné de médaillons qui représentent des Lyonnais célèbres.
(Détails d'un immeuble de la rue Paul Chenavard)
Un peu plus haut se trouvent deux immeubles de style Art nouveau (chose assez rare à Lyon semble-t-il). Il y a d'abord la "Martinière de jeunes filles", un établissement d'enseignement à l'origine pour les jeunes filles et garçons fondés au XVIIIe s. par le riche Major Martin, qui leur a laissé son nom. Celle-ci a été construite en 1907 et arbore une décoration art nouveau magnifique, aussi bien dans la grille en fer forgé que dans les mosaïques et céramiques qui ornent la façade.
(Martinière)
Juste en face se trouve la salle Rameau, de la même époque, qui combine structure en béton pour éviter les piliers à l'intérieur et décoration art nouveau. De belles mosaïques représentent Euterpe et Polymnie sur sa façade.
(Salle Rameau)
La journée s'est alors achevée par un bon repas lyonnais dans un bouchon du Vieux Lyon. Cervelle de canut et autres réjouissances au menu!
NB: Je rappelle que toutes les images sont cliquables pour les agrandir. Et également qu'elles sont toutes prises par mes soins...
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