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Nouvelle Feuille
6 octobre 2011

Les palais du Bosphore

 

Le lendemain de cette virée aux îles, nous persistons à nous entêter et revenons à Dolmabahçe à peine aperçu hier. Cette fois-ci, l'endroit est ouvert et déjà relativement fréquenté.

Tour de l'horloge et minarets de la mosquée 

(Tour de l'horloge. Au loin, minarets de la mosquée de Dolmabahçe)

 

Après être passé par la fouille des sacs et la billetterie bien entendu trop chère et sans aucune réduction, nous nous retrouvons à faire la queue, attendant la prochaine visite guidée. Oui, car l'endroit, histoire de faciliter la visite des touristes, ne se découvre qu'en visite guidée à horaire précis, en anglais ou en turc uniquement. Il faut de plus couvrir ses chaussures d'affreux petits sacs plastiques, probablement pour ne pas trop cochonner les tapis. Et pour couronner le tout, les photos sont interdites! Autant dire que tout cela n'est bien entendu pas du tout énervant... Heureusement, la beauté et l'intérêt du palais compensent un peu ces nombreux désagréments.

Pot

(Sur le rebord de l'escalier en marbre)

 

Au XIXe s., les sultans qui s'installent le long du Bosphore, s'ils bâtissent des palais très européens, conservent la distinction lieu de pouvoir/lieu de vie héritée du Harem de Topkapı. Ainsi, le bâtiment abrite-t-il la partie officielle séparée des appartements privés du sultan (selamlık) et des parties réservées aux femmes et aux enfants (haremlık). La visite débute par un escalier monumental, réellement très impressionnant. Comme les photos sont "interdites" et les gardes nombreux et actifs, j'en ai pris très peu, un peu à l'arrache. Soyez indulgent sur la qualité. 

Escalier monumental

(Escalier d'apparat)

 

Né de la volonté du sultan Abdül-Mecit Ier de déplacer la résidence impériale sur les rives du Bosphore, Dolmabahçe est inauguré en 1856 et devient dès lors la résidence habituelle des sultans jusqu'à leur chute en 1922. Le palais sera ensuite utilisé par Atatürk comme résidence d'été. Il est installé en partie sur un remblai gagné sur le Bosphore, afin de pouvoir ordonner la façade en un bel alignement parfaitement rectiligne.

Dans le palais de Dolmabahçe

(Salle rose)

 

Le baroque de Dolmabahçe est partout présent, mais éclate particulièrement dans le hammam, assez proche d'une salle de bain à l'occidentale, entièrement en marbre sculpté.

Salle de bain (4)

(Hammam)

 

A la suite de notre guide qui avance à toute vitesse, nous passons dans de nombreux salons plus beaux les uns que les autres, débordant de stucs et de mobilier baroque. Nous n'hésitons pas à nous attarder, détestant les visites guidées. Très vite, nous nous retrouvons quasiment en visite libre, ou du moins semi-guidée, ne suivant plus que vaguement le guide. Même, nous traînons tant loin de ce casse-pied que nous nous retrouvons dans le groupe suivant derrière nous, des Turcs cette fois. Ce groupe finira aussi par nous dépasser. Nous retrouverons tout de même notre groupe et notre guide à la sortie. 

Salon

(Salon)

 

La visite se termine en effet par l'immense hall des cérémonies, une pièce somptueuse, baroque à souhaits, pleine de dorures, de stucs et de d'objets d'art : cristal de Bohème, cristal de Baccarat, porcelaines de Sèvres et de Yıldız. Au centre pend un énorme lustre de cristal de plus de quatre tonnes, offert au sultan par la reine Victoria. Il s'agirait du plus grand lustre en cristal du monde.

Hélas... hélas le lieu est bourré de gardiens pénibles qui empêchent toute photo. Même à la sortie, quand on tente de prendre une photo de l'intérieur depuis la petite terrasse, une fonctionnaire nous l'interdit vertement... Très agréable, une belle image pas rigide de la Turquie. Il est à souhaiter que Dolmabahçe suive dans sa politique d'accueil celle de Topkapı, infiniment plus sympathique. Donc vous n'en verrez rien, mais vous trouverez facilement des images sur le net si d'aventure cela vous intéresse.

Terrasse du palais sur le Bosphore

(L'armée parade sur la terrasse entre le palais et le Bosphore)

 

Nous nous rendons ensuite au Harem, dont la visite est également guidée obligatoirement. Nous avons un petit moment à tuer avant le début de la visite, nous en profitons donc pour arpenter un peu le parc, qui est un élément essentiel du palais (bahçe signifie jardin en turc).

Parmi les curiosités qui s'y trouvent, il y a l'élevage avicole, toujours en usage aujourd'hui et prolongeant la passion ancienne des sultans pour les oiseaux. Il y en avait déjà un à Topkapı, mais ne servait plus. Celui d'aujourd'hui fait office "d'hôpital" pour oiseaux et il semble que c'était déjà sa vocation au temps des sultans. Les cages sont d'époques et abritent de belles et étranges volailles : coqs au cou dégarni, poules chinoises, etc.

Elevage aviaire

(Volière)

 

Nous faisons une petite pause très agréable dans le jardin à l'arrière du palais, près du fontaine. Un chat très très amical vient nous tenir compagnie et grimpe sur les genoux de ma compagne. Le félin entreprend alors de lui lécher consciencieusement le bras... Ils mettent quoi dans les crèmes solaires exactement? des extraits de souris? 

Bref. Lâchant à regret notre nouvel ami, nous allons au Harem. 

Partie Harem 

(Harem)

 

La visite est ici aussi guidée, mais franchement réduite au strict minimum. La guide n'explique rien, court loin devant et n'en a strictement rien à cirer que l'on traîne, prenne des photos théoriquement interdites ou quoi que ce soit de ce genre. Certes, le harem est moins exceptionnel, mais on en profite bien mieux.

Salon (4)

(Salon)

Ici, si les femmes vivaient également dans une certaine claustration, nous sommes loin de la vie à Topkapı, réputée sinistre. Les salons sont proches de ceux de la partie officielle et de ceux des palais européens, le confort est présent et l'on a du mal à s'imaginer qu'à la toute fin de l'empire ottoman, au début du XXe s., les femmes n'aient pas pu du tout en sortir ne serait-ce qu'un peu. 

Salle de bain (5)

(Salle de bain du harem)

 

La salle de bain/hammam, comme celui du palais, est de toute beauté, intégralement en marbre, jusqu'au coin d'aisance! Profitez-en, ce n'est pas tous les jours que vous admirerez des toilettes à la turque en marbre... C'est mieux que de péter dans la soie, non?

Toilettes à la turque

(Toilettes à la turque)

 

Trêve de plaisanterie; parmi les différents appartements plutôt chaleureux que nous traversons, se situe celui d'Atatürk. Le fondateur de la Turquie moderne avait en effet, comme indiqué plus, pris ses quartiers d'été dans le harem de Dolmabahçe. On y voit son cabinet de travail, des salons de réception et surtout la chambre où le grand homme mourut le 10 novembre 1938 à 9h05 du matin. Le lit est recouvert d'un grand drapeau turc et les horloges du palais ont longtemps été maintenues en arrêt sur l'heure fatale. Il semble qu'aujourd'hui, la tradition ait bougé et qu'à l'exception de celle de la chambre, demeurée figée, les autres horloges du palais soient reparties. Comme la Turquie, longtemps bloquée sur son "père", se détache peu à peu depuis vingt ans de son héritage un peu lourd et repart de l'avant, pour le meilleur comme pour le pire. 

Lit de mort d'Atatürk

(Lit de mort de Mustafa Kemal Atatürk)

 

Dans le jardin s'élève de petits pavillons, dont l'un abrite une belle collection d'horloges des XIXe et XXe s., en majorité fabriquées en France. Le pavillon en lui-même est assez banale mais la collection vaut le coup d'oeil et offre un beau panorama de ces objets d'art très particuliers à la Belle Epoque.

Pavillon des horloges (2) 

(Pavillon des horloges)

 

Le plus beau des pavillons est celui dit "de cristal". Les différentes salles sont très belles mais pas forcèment originales, jusqu'à que l'on arrive dans cette grande véranda. Le lieu est vraiment beau, mariant avec élégance la passion du XIXe s. pour le verre et le métal et des formes héritées de l'architecture ottomane traditionnelle. Le tout est d'une grande harmonie, donnant presque l'illusion d'un palais de glace.

Pavillon de cristal (3)

 

(Pavillon de cristal)

 

Les différents objets d'art et statues qui ornent l'endroit sont tout à fait dignes d'intérêt également, très art nouveau. Les motifs animaux et végétaux abondent. 

Vase art nouveau

(Vase art nouveau)

 

Nous déambulons encore ensuite un bon moment dans les jardins, admirant la beauté baroque un rien chargée des façades et des ornementations qui décorent le jardin. 

Façade de Dolmabahçe

(Façade de Dolmabahçe le long du Bosphore)

 

Dans le jardin

(Vase dans le jardin)

 

Nous repartons par là où nous sommes venus, non sans un dernier coup d'oeil à la belle fontaine des cygnes...

Fontaine des cygnes

(Fontaine aux cygnes) 

 

... ainsi qu'à la qualité du fleurissement du parc. En somme, malgré les désagréments liés aux conditions de visite, cette matinée passée à Dolmabahçe fut des plus sympathique.

Fontaine et jardin (2)

(Fontaine aux cygnes)

 

Nous poussons un peu plus haut le long du Bosphore pour arriver au palais de Çirağan, hélas transformé en hôtel de luxe au personnel d'accueil peu enclin à nous laisser nous balader ne serait-ce qu'en extérieur. En Turquie, la plus grande gentillesse côtoie souvent, sans juste milieu, la plus rebutante obéissance butée aux directives. Ce palais en marbre, postérieur à Dolmabahçe, s'en inspire et a été bâti par le même architecte, Nikoğos Balyan.

Palais de Ciragan

(Palais de Çirağan)

Avertissement: la grande avenue qui longe Dolmabahçe est un lieu fréquenté par deux escrocs au numéro bien rodé. Deux cireurs de chaussures discutent. Peu avant que vous ne passiez à leur hauteur, l'un d'eux part, faisant mine d'aller plus loin travailler ou de rentrer chez lui, peu importe. Il laisse tomber, apparemment innocemment, une brosse. Gentil, vous la ramassez et lui rendez. Pour vous remercier, il vous propose avec insistance de vous cirer gratuitement les chaussures. Son sbire se ramène et fait la même chose à la deuxième personne qui vous accompagne. Et bien entendu, à la fin il tente de vous extorquer une somme faramineuse. Il ne faut rien leur laisser, ne pas les laisser faire, ne pas ramasser la brosse ou mieux, leur piquer la brosse ça leur fera les pieds. L'escroquerie m'a toujours indigné, mais alors l'escroquerie en abusant de la gentillesse des gens. C'est le très mauvais de la Turquie, ou plutôt, d'Istanbul. Aucune gentillesse n'est désintéressée dans cette ville. Les choses seront radicalement différentes dans le reste du pays.

 

Bref.

 

Nous arrivons ensuite au parc de Yıldız, attenant à un palais dont nous ne cherchons pas plus à savoir s'il est déjà rouvert. Toutes les visites de palais étant guidées, nous en avons assez pour le moment. Il s'agit juste pour nous de faire une promenade dans ce grand parc. Yıldız a été voulu en retrait du Bosphore par le sultan Abdülhamit II qui craignait une attaque par le détroit. Ce sultan en fit sa résidence pendant les trente-trois ans de son règne, avant que ces successeurs ne regagnent Dolmabahçe.

Parc de Yildiz, écureuil

(Ecureuil roux, parc de Yıldız)

 

Le parc s'élève doucement vers deux pavillons au sommet de la colline dominant le Bosphore. Les Malta Köşkü et Çadır Köşkü abritent chacun un salon de thé un peu cher mais assez reposant et idéal pour se désaltérer pendant une belle journée d'été. 

Parc de Yildiz, kiosque

(Çadır Köşkü)

 

Nous redescendons vers Dolmabahçe, jettant un oeil au türbe de l'amiral Barberousse, personnage dont nous reparlerons très prochainement.

Türbe de Barberousse

(Türbe de Barbaros Hayreddin, en fr. Barberousse)

 

Sur la place devant le musée de la marine, on trouve des anciens canons de marine ainsi qu'un monument au grand corsaire ottoman.

Monument à Barberousse

(Monument à Barberousse)

 

Mais la journée est loin d'être finie, et nous nous dirigeons, toujours avec nos petits pieds échauffés, vers les quartiers dits "Européens", la ville du XIXe s. qui occupe un vaste espace entre la place Taksim et la Corne d'Or.

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