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Nouvelle Feuille
13 octobre 2011

Istanbul européenne

L'après-midi, nous partons donc depuis les coins de Dolmabahçe vers ce que l'on nomme la ville européenne. Ce vaste quartier, autrefois nommé Pera, a attiré dès le milieu du XIXe s. et la construction de ponts sur la Corne d'Or, les élites étrangères de l'Istanbul des affaires et de la diplomatie. Ces quartiers, très vite gagnés par la modernité (tramway, gaz), sont devenus des lieux à l'image de leur population : riches, cosmopolites, centre des affaires. Une autre Istanbul, affairée et ouverte, tout à fait en prise avec son siècle, se découvre en descendant la très longue Iskiklal Caddesi. On sera surpris de voir une capitale aux caractères ottomans et impériaux presqu'invisibles pour arpenter une ville qui ressemble aux grandes métropoles du continent européen, au carrefour de toutes les influences architecturales et culturelles de la deuxième moitié du XIXe s. Certes, ce n'est pas la zone la plus typique ni la plus indispensable touristiquement parlant, mais elle se révèle passionnante, belle et très variée.

Aya Triada 

(Aya Triada (Ste Trinité), église grecque, XIXe s.)

 

Ainsi, notre longue promenade le long de cette avenue qui descend doucement vers la Corne d'Or nous mène quasiment de la place Taksim jusqu'à la fameuse tour de Galata. En chemin, l'histoire et une partie de l'Istanbul Belle Epoque se livre à nos regards. L'aspect de cosmopolitisme commence par le religieux : c'est le seul quartier de la ville où les églises encore utilisées comme telles abondent : italienne, française, espagnole pour les catholiques, grecque, russe, arménienne pour les orthodoxes, mais aussi église arménienne catholique, église hollandaise, synagogue... 

Aya Triada (3)

(Intérieur de l'église Aya Triada)

 

En haut de Istiklal Caddesi, c'est un grand élan patriotique qui saisit notre petit coeur devant l'ancienne ambassade de France, devenue consulat quand Istanbul perdit son statut de capitale (ce qui est le cas de toutes les ambassades qui se trouvaient là). Du consulat, à notre grande surprise, sort à toute vitesse un chat! Ces animaux vont et viennent vraiment partout ici, se fichant pas mal des contrôles et des tickets d'entrée.

Consulat de France (2)

(Consulat de France)

 

Ce quartier était fort délaissé autrefois semble-t-il, mais il a retrouvé une vie et une âme depuis que la municipalité a rendu piétonne cette grande artère et a eu la bonne idée d'y créer une ligne de tramway utilisant les vieux wagons historiques de la ville. C'est petit, bondé, mais quel charme! 

Tramway

(Tramway, Istiklal Caddesi)

 

Autant dire qu'avec cette agréable vocation piétonnière et la concentration de boutiques sur cette rue longue d'un bon kilomètre, le quartier est particulièrement fréquenté par les Stambouliotes.

Istiklal Caddesi (grande rue de Pera)

(Istiklal Caddesi)

 

 Nous passons devant les grilles du prestigieux lycée de Galatasaray, fondé en 1868 pour dispenser un enseignement de qualité, sans distinction de nationalité ou de religion, aux enfants de la bonne société d'Istanbul. Aujourd'hui encore des cours en langue française y sont donnés. Cette fierté française, marque de la haute place qu'occupait notre langue dans l'Europe des XVIIIe et XIXe s. ne doit toutefois pas nous aveugler; en effet, si le lycée français est celui qui bénéficie du privilège de l'ancienneté et du plus grand prestige, d'autres lycées enseignaient aussi en allemand, en grec, en arménien ou en italien...

Entrée du lycée de Galatasaray 

(Grilles du lycée de Galatasaray, 1868)

 

Plus loin, au milieu d'un grand jardin, se dresse le consulat de Grande-Bretagne, à l'architecture située quelque part entre le palais romain et la prison de haute sécurité. 

Consulat de Grande Bretagne

(Consulat de Grande-Bretagne, 1845)

 

L'ensemble de la rue, souvent entrecoupée de passages couverts, est un véritable conservatoire de styles architecturaux européens, dans un mélange harmonieux et assez unique : néo-classique, baroque, art nouveau, art déco, néo-gothique, haussmanien... La promenade se fait le nez en l'air, à admirer tous ces immeubles étonnants. 

Immeuble art déco

(Immeuble art déco)

 

L'église St Antoine, dédiée aux Italiens, est une curiosité. Situé derrière un bâtiment dans le style néo-gothique italien, elle donne sur une cour dominée par une loggia et des balcons. Le charme de Venise en plein Istanbul... 

Entrée néo-gothique de l'église St Antoine

(Immeuble néo-gothique, début XXe s.)

 

Cachée derrière, on trouve donc l'église St Antoine, la plus grande église catholique d'Istanbul, qui accueille aussi, outre la communauté italienne, les rites copte, maronite et chaldéen. 

Eglise St Antoine

(Eglise St Antoine, 1906-1912)

 

 Plus loin, nous apercevons l'église Ste Marie Drapéris, beaucoup plus austère. Cette église s'élève ici depuis le XVIIe s., mais le bâtiment actuel a été reconstruit en 1871 après un incendie. 

Eglise Ste Marie Draperis

(Ste Marie Drapéris, 1871)

 

Au terme de notre balade, nous arrivons en vue de la célèbre tour de Galata, seul et impressionnant vestige de l'importante présence génoise dans ce quartier. Après le pillage de la ville par les Croisés sous direction vénitienne en 1204 puis la reconquête byzantine en 1261, les Génois, ennemis jurés des Vénitiens, se virent accorder de multiples privilèges et concessions dans la ville. Rapidement, c'est une véritable ville italienne médiévale qui s'érige, avec tous ses éléments caractéristiques : le palais municipal et son podestat, la cathédrale, les couvents franciscains et dominicains, des murailles... De ces murailles et de toute cette "ville dans la ville", il ne demeure, isolée, que cette formidable tour défensive de 68 mètres de haut. Dédaignant les spectacles de danse orientale a priori d'assez mauvais goût qui s'y tiennent et le prix prohibitif de l'entrée pour profiter simplement de la vue, nous nous sommes contentés d'admirer la tour depuis le sol.

Tour de Galata

(Tour de Galata, 1349)

 

C'est sur les silhouettes de la tour de Galata d'un côté et de la Yeni Camii de l'autre que s'achève notre journée, à admirer les pêcheurs assidus sur le pont de Galata. Il paraît que certains vendent leurs prises aux restaurants situés en dessous du pont... 

Pont de Galata (2)

(Pêcheurs du pont de Galata)

 

Le lendemain, pour la première fois depuis notre arrivée presqu'une semaine auparavant, nous quitterons Istanbul...

 

 

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