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Nouvelle Feuille
24 août 2010

3e étape: Leon

Cinquième jour de voyage, nous arrivons en début d'après-midi, sous une chaleur écrasante, dans Leon, ancienne capitale du royaume du même nom. Notre hôtel est proche de la cathédrale gothique, mais pas aussi bien placé qu'à Burgos tout de même. Etrange silhouette que celle de la cathédrale de Leon, un peu biscornue, donnant une impression de pas fini par endroits...

Cath_drale

(Cathédrale de Leon)

Bien que moins exceptionnelle que celle de Burgos, la visite de cette cathédrale dressée au milieu d'une place élégante n'en demeure pas moins un moment intéressant.  Les tympans des portails de la façade principale sont remarquables.

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(Portail central: Vierge au sourire, Jugement dernier sur le linteau)

Ce tympan du portail central offre notamment sur son linteau un Jugement dernier admirable, très expressif aussi bien dans sa représentation du Paradis dont les anges musiciens accueillent rois et prélats que dans celle de l'Enfer où mijotent les damnés .

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(Détail du tympan: l'enfer)

L'intérieur présente également des éléments dignes d'intérêt, notamment les vitraux, qui forment un ensemble remarquable étalé chronologiquement du XIIIe au XXe s.

Vitraux__2_

(Vitraux)

Le trascoro renaissance a été conçu sur les plans de Juan de Badajoz. Il est particulièrement original avec ce bel arc qui permet d'ouvrir la perspective sur le retable du maître-autel, réalisé par Nicolas Francès au XVe s.

Trascoro_renaissance

(Trascoro)

De beaux éléments gothiques sont disséminés dans la cathédrale, en particulier des peintures murales, certaines très bien conservées.

Devant le prix relativement élevé (5 euros) qui en est demandé, nous décidâmes de ne pas visiter le musée de la cathédrale. Finalement, nous irons le voir le matin de notre départ de Leon.

Nous nous rendons ensuite au bord du fleuve Bernesga pour voir le parador de la ville, qui est installé dans l'ancien couvent de San Marcos.

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(Ancien couvent de San Marcos)

Conçu à l'origine pour accueillir les chevaliers de l'ordre de Saint-Jacques (sensés protéger les pélerins), le couvent a été reconstruit en pleine Renaissance. L'église ornée de motifs en forme de coquilles saint-jacques se visite, ainsi que le cloître et une partie du bâtiment qui constitue une annexe du musée de Leon.

Eglise_San_Marcos__8_

(Dans l'église San Marcos, porte renaissance)

Le reste est consacré au parador, "l'un des plus luxueux d'Espagne" (Guide Vert Michelin). Et il est vrai qu'à voir la beauté du bâtiment et les tables du petit-déjeuner installées dans le superbe cloître, cela fait envie.

Clo_tre_du_parador

(Cloître du parador)

L'entrée dans le parador se fait par un portail très orné où se trouve, entre autres, un saint Jacques le Matamore. Si d'aventure quelques nuits dans cet établissement exceptionnel vous faisait envie, il vous faudra débourser autour de 150 euros par nuit...

Fa_ade_du_parador

(Entrée du parador, portail renaissance, fronton baroque)

Il faut reconnaître qu'ils pourraient au moins faire des prix pour les pauvres pélerins épuisés...

Devant_le_parador

(Pélerin aux pieds fourbus auquel l'accueil du parador a répondu: non monsieur, ça ne va pas être possible)

Nous entamons ensuite une marche dans la vieille ville, qui nous conduisit par derrière la cathédrale, le long des murs, jusqu'au quartier enchevêtré et ancien du Barrio Humedo (ou quartier humide, ainsi nommé de par la grande concentration de restaurants et de bars qui s'y trouvent).

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(Maisons prises dans les murs de la ville)

Vu qu'il se faisait déjà tard, nous décidâmes de manger dans ce quartier agréable, non loin de l'inévitable et élégante Plaza Mayor du XVIIe s., formée par de beaux bâtiments à arcades.

Plaza_mayor

(Plaza Mayor)

Le lendemain, nous fûmes quasiment à l'ouverture au musée de Leon. Ce musée n'est peut-être pas le plus exceptionnel que nous ayons vu (même si ses collections sont loin d'être vilaines) mais sans doute était-ce l'un des plus modernes. Qui plus est, à des prix très raisonnables (comme souvent pour les musées espagnols, où un vrai effort d'accessibilité semble avoir été opéré. On aimerait ce genre de politique en France).

Vue_du_mus_e_de_Leon

(Musée de Leon)

On ne peut que saluer le fait qu'ils aient, par exemple, tenté de mettre en valeur leur belle collection lapidaire au moyen d'un enregistrement sonore d'une dizaine de minutes ponctué d'éclairage pour cibler telle ou telle stèle ou inscription. Une initiative originale et intéressante même si l'on pourra toujours critiquer le texte de l'enregistrement ou le fait qu'en contrepartie, des pièces également intéressantes se retrouvent confinées sans aucune explication dans les vitrines latérales qui semblent bien délaissées.

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(Son et lumière des lapidaires)

La collection numismatique (qui avec les collections lapidaires, est souvent le genre de salle dans laquelle la plupart des touristes ne font que passer) est également assez intelligement présentée et expliquée. Quelques éléments informatiques complètent le dispositif, mais comme souvent, ils marchent quand ils ont le temps. C'est en tout cas un bel effort.

A l'instar de ses collègues de Pampelune et Burgos, les collections sont variées et je ne vais m'arrêter que sur quelques pièces soit hors du commun soit qui m'ont séduites pour une raison ou l'autre.

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(Idole de Tabuyo, vers 1800 av. J-C)

Le musée possède une belle collection d'objets pré et proto-historiques, notamment dans le domaine du travail de l'or et de l'argent. Mais la plus surprenante est cette belle idole dite de Tabuyo, pierre gravée représentant probablement un guerrier.

De belles pièces également illustrent la période romaine de l'Espagne. On trouve en particulier un bel édit d'Auguste gravé dans le bronze, intact. Il y a également des belles épitaphes issues de la culture vadinienne (des ibères pas très bien romanisés à ce que j'ai compris), représentant systématiquement et uniquement des chevaux. Les mosaïques sont assez rares en comparaison avec les autres musées du même genre, mais la partie de celle présentée vaut le coup d'oeil.

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(Mosaïque, IVe s.)

Parmi les oeuvres médiévales, se détachent nettement le Christ de Carrizo, en ivoire, inspiré des canons byzantins, ainsi que la croix votive de Santiago de Peñalba, commandée par le roi Ramire II pour remercier Saint Jacques de son aide contre les armées arabes.

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(Christ de Carrizo, ivoire, XIe s.)

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(Croix votive de Santiago de Peñalba, vers 940)

J'ai aussi apprécié ces motifs de dragons peints sur bois provenant du monastère de Carracedo.

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(Eléments du plafond de la "Cuisine de la Reine", Monastère de Carracedo, XVe s.)

Pour le reste, il y a un certain nombre de sculptures sur bois, médiévales ou plus tardives, qui sont intéressantes. Une toute petite section ethnologique s'attarde sur les costumes des populations maragates, assez isolées et qui habitaient autrefois dans la province de Leon près d'Astorga, non loin du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

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(Costume de femme et d'enfant maragate, XIX-XXe s.)

La partie consacrée à l'art des XVIIe, XVIIIe et XIXe s. est un peu plus fouilli mais intéressant. On y voit un beau salon, des jeux (dominos, dés, etc) et des cartes à jouer anciens, ainsi que cet autel portatif du XVIIe s., portatif mais néanmoins encombrant...

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(Autel portatif, 1671)

Le dernier étage du musée offre une belle vue sur les travaux sur les anciennes murailles ainsi que sur la vieille ville.

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(Vue sur les murailles de Leon depuis le musée)

Ayant tout juste fini le musée quand il fermait (à 14h00, pour la sieste...), nous nous dirigeâmes vers le parc au bord de la rivière afin de nous rassasier un peu. C'est là que nous fîmes la rencontre de Florentino, un habitant haut en couleur, qui avait bien des soucis avec son portable (et avec sa femme semble-t-il). Une rencontre un peu bizarre mais finalement très sympathique. Il faut dire que l'espagnol tout à fait bon de Louise fut bien utile pour nous dépatouiller avec cet homme qui avait beaucoup de choses à nous raconter.

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(Florentino)

Direction ensuite l'église San Isidoro et la chapelle Santa Catalina qui lui est attenante. C'est là que se trouve ce qui est, selon moi, l'ouvrage le plus exceptionnel de la ville de Leon: le Panthéon royal et ses superbes peintures murales.

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(Eglise collégiale San Isidoro, portail)

L'église San Isidoro est une belle construction romane (XIe s.) largement modifiée ensuite mais qui a conservé de beaux restes de l'époque de sa fondation. L'intérieur présente d'ailleurs pas mal de réminiscences des arts wisigothiques et mozarabes, mais les photos sont trop floues pour figurer ici.

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(Arrière de l'église San Isidoro)

Une fois l'église visitée, on ressort et nous pénétrons par une autre entrée vers le Trésor et le Panthéon royal. Que dire du trésor... il est tout simplement exceptionnel (mais les photos sont hélas interdites et il faut ruser pour en tirer quelques unes). La partie bibliothèque est également superbe, que ce soit par son décor ou par les superbes ouvrages qu'elle expose (800 parchemins, 400 incunables, plus de 1000 livres rares... dont l'Histoire ecclésiastique de Dom Calmet!). La plupart sont soigneusement rangés mais quelques uns sont exposés: plusieurs graduels, une bible mozarabe du Xe s., etc... Un vrai régal.

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(Bibliothèque)

La visite se poursuit par le Panthéon royal proprement dit... En tant que tel, il est très décevant: une collection de tombeau pas décorés, sans grand intérêt si l'on abstenait de lever la tête pour admirer la merveille qui court sur les voûtes. Ladite merveille commence par les chapiteaux romans, très précis, didactiques et historiés, et se poursuit sur l'ensemble des voûtes de la chapelle avec des peintures murales du XIIe s., dans un incroyable état de conservation et de fraîcheur. L'endroit est, parait-il, surnommé la Sixtine de l'art roman. Je veux bien le croire à ceci près qu'à la Sixtine on est serré, on ne voit pas grand chose et un micro hurle dans toutes les langues que c'est un lieu de culte où il faut se tenir silencieux. Bref, on est bien mieux à Leon... Quoiqu'il en soit, on ne se lasse pas de regarder ces peintures, mélanges de scènes de la vie du Christ et de saynètes liées au calendrier agricole et aux travaux des champs. Une vraie merveille, hélas interdite de photo. J'en ai juste pris une, très mauvaise, de façon dérobée. Elle ne vous donnera hélas qu'un très maigre aperçu de la splendeur des peintures. Si vous voulez mieux, allez-y donc voir!

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(Peintures murales, Panthéon royal de San Isidoro, première moitié du XIIe s.)

La visite s'achève par le beau cloître, roman également.

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(Cloître de la basilique royale de San Isidoro)

Autant dire que nous ressortîmes émerveillés de cette belle découverte, au point de rester devant le bâtiment pendant une dizaine de minutes, à discuter de nos impressions. Nul doute que nous en garderons un souvenir profond.

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(Basilique royale de San Isidoro)

Nous repartîmes ensuite vers la plaza de Domingo, pour découvrir le palais des Guzman, une belle demeure aristocratique du XVIe s. qui sert aujourd'hui de bâtiment officiel. On n'en découvre hélas, en visite guidée, que la partie qui fait le tour du patio.

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(Patio du palais Guzman, XVIe s.)

Outre le rez-de-chaussée, la visite nous emmène également à l'étage, fermé et couvert, où l'on admire à la fois le talent des architectes de la Renaissance, les vitraux représentant les différentes villes de la province et les portraits des différents maires de la ville ou gouverneurs de la province, je ne sais pas bien. Il était tout de même intéressant de découvrir ce bâtiment autrement que simplement d'extérieur.

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(Palais Guzman)

Nous ne pûmes hélas pas visiter l'intérieur de la grande bâtisse jouxtant le palais Guzman, et appelée maison Botinas. Celle-ci a été bâtie par Gaudi, le fameux architecte dont le nom est tant attaché à Barcelone, en 1891-1892, dans un style néo-gothique. Elle abrite aujourd'hui une banque.

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(Maison Botinas)

Outre l'architecture du bâtiment, le style est respecté jusque dans le travail du métal des grilles qui l'entoure et qui en ferme la porte. Sur le banc qui fait directement face à la maison est installée une statue de Gaudi en train de la dessiner.

Maison_Botinas__3_

(Entrée de la maison Botinas)

La soirée arrivant, nos pas nous conduisent à nouveau vers le Barrio Humedo, en particulier la place San Martin, irrégulière, typique et colorée.

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(Plaza San Martin)

Comme nous avions de la chance, des cigognes nous firent même un signe...

Cigognes

(Cigognes sur les toits de la vieille ville de Leon)

Ah oui, au fait, j'ai oublié de signaler l'évènement majeur de la journée: nous avons, ce jour-là, devant la foule des pélerins rencontrés à Pampelune, Burgos et Leon; devant la chaleur écrasante... et sans doute devant un peu de flemme, renoncé à marcher de Sarria à Compostelle, soit les 100 derniers kilomètres du pélerinage. Du coup, pour combler les quatre jours prévus, il a fallu trouver, en urgence, une solution de dépannage. Ce fut Vigo, grand port de la côte galicienne à quelques encablures du Portugal, qui fixa notre choix. Par chance, nous réussîmes à y trouver un hôtel bien placé et un train pour nous y rendre... Ouf, nous ne dormirions pas sous les ponts pendant au moins trois jours.

Comme notre train le lendemain 30 juillet ne partait qu'à 14h00, nous avons profité du matin pour visiter le musée de la cathédrale. Celui-ci est doté de très belles pièces, mais: l'entrée est chère, les photos sont interdites, c'est un peu le fouillis et les gardiens (enfin, surtout une) sont très irritants. Bref, une visite peu agréable.

Il faut néanmoins signaler les belles fresques de Nicolas Francès qui ornent le cloître.

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(Fresques, Nicolas Francès, XVe s., cloître de la cathédrale)

Ainsi que le bel escalier plateresque, oeuvre de Juan de Badajoz.

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(Escalier, Juan de Badajoz, XVIe s.)

A l'étage, on découvre une très belle collection de sculptures gothiques. Et heureusement, malgré la fermeture de certaines salles (sans bien sûr aucun changement sur le prix d'entrée), les superbes manuscrits anciens que conserve le musée étaient présentés. Parmi eux, ce très beau "Livre des estampes" du XIIe s.

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(Livre des estampes, XIIe s.)

Comme les collections de ce musée sont très belles, cela a tout de même atténué notre légère irritation et l'impression d'arnaque par rapport au prix exigé à l'entrée. Enfin bref, l'après-midi nous voilà dans le train vers Vigo, pour un voyage de six longues heures, en compagnie d'espagnols grandes gueules, sans gêne, et aux enfants plus que bruyants: odieux. Et les parents du même acabit. Un voyage horrible.

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