Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nouvelle Feuille
25 janvier 2011

Angkor et ses archéologues

Comme cela m'arrive trop souvent, je me suis rendu à une exposition à la dernière minute (en l'occurence le jour de sa clôture). Je vais donc parler d'une expo super intéressante mais terminée... En effet l'exposition Archéologues à Angkor - Archives photographiques de l'Ecole française d'Extrême-Orient, qui se tenait au musée Cernuschi, s'est achevée le 2 janvier 2011.

Je dois dire que je n'ai pas regretté, car cette expo était très bien (et en plus le musée Cernuschi est à deux pas de chez nous).

DSCN0384

(Angkor Thom, fin XIIe s. début XIIIe s., Photo prise entre 1962 et 1966, Luc Ionesco)

En y arrivant, première surprise: on se bouscule presque! Beaucoup d'autres gens ont trouvé qu'une sortie au musée occuperait ce dimanche après-midi agréablement malgré l'apparente austérité du sujet. Après quelques déboires pour obtenir notre billet d'entrée, nous y voilà. D'emblée on est frappé par l'aspect assez didactique de l'exposition: beaucoup de cartes permettent de bien situer les sites évoqués.

DSCN0332

(Carte des principaux sites angkoriens)

Bien qu'elle soit centrée sur les archives photographiques de l'EFEO (Ecole Française d'Extrème-Orient), l'exposition débute par des peintures et des dessins. Les oeuvres sont de deux types: l'un, très beau et très factuel, tient du dessin d'archéologie, précis et détaillé, tandis que d'autres, par l'utilisation de l'aquarelle et des inspirations picturales du début du temps, cherche plus à traduire une émotion esthétique.

DSCN0335

(Angkor Vat, mai 1899, par Jean Commaille, premier conservateur du site)

DSCN0337

(Angkor Vat, tour centrale, élévation de la façade ouest, in Louis Delaporte, Les Monuments du Cambodge, Etude d'architecture khmère, Paris, 1920, Editions Ernest Leroux, planche XXXVI)

Puis nous passons à la photographie à Angkor (et dans les sites associés), dont l'histoire débute en 1866, soit très peu de temps après la redécouverte du site en 1860. Les superbes retirages présentés dans l'exposition, loin d'être austères, nous permettent de mieux appréhender à la fois le site et son histoire, de mieux comprendre les différents temples, mais surtout de voir à travers des clichés pris à plusieurs années d'intervalle, les changements dans l'état du site, progressivement dégagé, reconstruit par anastylose (sorte de démontage et remontage d'un bâtiment en une sorte de puzzle 3D ou un jeu de lego géant).

DSCN0341

(Preah Ko, Après la reconstitution du soubassement des six tours en 1932-1933, Auteur inconnu)

L'exposition est bien équilibrée entre histoire angkorienne et histoire de l'archéologie à Angkor. Après un rappel rapide mais bienvenu sur les deux religions du Cambodge ancien, l'hindouisme et le bouddhisme, les différents souverains khmers importants sont évoqués et mis en relation avec les temples qui leur sont attribués.

DSCN0360

(Baphuon, Bas-relief historié, épisodes du Mahabharata, Auteur inconnu, 1938)

Les cartels sont la plupart du temps agrémentés d'une citation extraite de divers journaux ou rapports d'archéologues. Le niveau scientifique est irréprochable et un béotien comme moi n'y a rien à redire (et la bonne connaisseuse de tout cela qui m'accompagnait n'a pas eu grand chose à critiquer non plus d'ailleurs...)

Certaines photos, au-delà des lieux proprement dits ou du travail archéologique, ne dédaignent pas de faire poser les archéologues eux-mêmes. Les différents archéologues qui ont compté pour Angkor, ainsi que les photographes, sont bien mis en valeur par l'exposition qui oscille toujours entre histoire, émotion esthétique et hommage aux hommes qui ont rendu à Angkor une partie de sa splendeur.

DSCN0354

(Victor Goloubew, Henri Marchal, Paul Pelliot et Georges Trouvé au Bakheng en 1931?)

Après les premières re-découvertes des sites et l'évocation des rois khmers, l'on traite de différents temples particulièrement importants: Banteay Srei; Baphuon que la France reconstruit par anastylose depuis 1943 (avec une interruption de 1971 à 1995); Neak Pean, un curieux bassin doté d'un monument circulaire en son centre.

DSCN0363

(Baphuon, Effondrement des deuxième et troisième étages de l'angle nord-est, le 16 septembre 1943, Photo prise en 1948, Auteur inconnu)

Quelques images stéréoscopiques sont également présentées, ce qui permet, au moins à titre d'anecdote, de découvrir ce procédé ancien donnant l'illusion de la 3D.

Enfin, si l'exposition s'attarde surtout sur la découverte archéologique et artistique d'Angkor ainsi que la reconstruction déjà évoquée, elle n'oublie pas de signaler que certains sites ont été volontairement laissé par les archéologues dans leur état lors de leur découverte pour conserver au lieu un peu de son mystère et de la magie ressentie par les premiers européens qui explorèrent les temples... Un parti-pris très intelligent au niveau touristique, car si la beauté et l'intérêt historique des temples d'Angkor auraient suffit à en faire une destination touristique importante, le fait que ces temples aient été abandonnés et que la nature y ait repris ses droits de façon aussi formidable en a fait un des lieux mythiques de par le monde. Et cela sans doute en grande partie grâce à la photographie...

DSCN0390

(Ta Prohm, Seconde enceinte, fromager enserrant les ruines d'une galerie, Mars 1939, auteur inconnu)

Publicité
Publicité
Commentaires
Nouvelle Feuille
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité