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Nouvelle Feuille
11 juin 2013

Un petit coup de Bordeaux

Retourner à Bordeaux, surtout quand le temps s'y prête, c'est toujours un grand plaisir. La ville est grande et offre toujours de quoi s'occuper intelligemment. Parmi les éléments que je signale, certains ont déjà pu apparaître dans l'autre billet sur Bordeaux, d'autres jamais car je les ai découverts cette fois-ci.

Certes, nous allions à Bordeaux pour rendre visite à de la famille, mais cela n'est pas une raison pour ne pas déambuler dans la ville. Premier itinéraire, de la gare - relativement excentrée - vers notre chambre d'hôtes située non loin du quartier Mériadeck (centre-ville). Nous arrivons sur la charmante place Renaudel dominée par l'église Sainte Croix.

Eglise Ste Croix (5)

(Eglise Sainte Croix, Bordeaux)

 

Cette imposante masse romane est plutôt agréable. Du XII-XIIIe siècle, elle a été très largement remaniée au XIXe s., sans que cela ne soit particulièrement choquant.

Eglise Ste Croix

(Eglise Sainte Croix, Bordeaux)

 

L'élément le plus surprenant réside sans doute dans la belle décoration des voussures de la façade principale, avec notamment ce motif assez étrange (l'avarice paraît-il), une sorte de farandole où émergent notamment, très bien restaurés, des figures de musiciens jouant de la flûte et du biniou (les deux à gauche de l'image).

Détail des voussures

(Voussures du portail, église Ste Croix) 

 

L'autre voussure richement décorée évoque clairement la luxure, avec des femmes aux longues tresses cédant sans trop de résistance aux avances de bellâtres, ou tenant en main un serpent qui leur mordille le sein... Et un aller simple pour l'Enfer pour ces vilains pêcheurs et pêcheresses!

Voussure d'une porte secondaire de la façade, la luxure

(La luxure, voussure du portail de l'église Ste Croix) 

 

L'intérieur de l'église présente moins d'intérêt; on y remarque surtout le bel orgue et le devant d'autel gothique. Que vous ne verrez pas ici car les photos ne sont pas très bonnes.

Eglise Ste Croix, intérieur

(Eglise Ste Croix, intérieur) 

 

On constate aussi la présence de tableaux plutôt de qualité, mais malheureusement dans un bien triste état, comme trop souvent les tableaux d'église. Celui-ci, pourtant oeuvre de Guillaume Cureau qui fut peintre officiel de l'Hôtel de Ville de Bordeaux, est lacéré dans sa partie inférieure. Rien d'irréparable, mais l'effet est affligeant.

DSCN4345

(Guillaume Cureau, Saint Maur guérissant un possédé, 1647, Eglise Ste Croix)

 

Nous remontons tranquillement à travers la ville, saluant au passage la fameuse porte de la Grosse Cloche, rare vestige du Bordeaux médiéval.

Porte de la Grosse Cloche

(Porte de la Grosse Cloche, XVe s., Bordeaux)

 

Malgré le sac à dos, la promenade est plutôt agréable. Il fait beau, ce qui n'a pas été si courant en France ces derniers mois. Nous trouvons notre chambre d'hôtes, particulièrement bien située et sympathique, nous installons rapidement, puis repartons vers Talence visiter de la famille. Au passage, petit coup d'oeil à l'église de Talence, une belle réalisation du milieu du XIXe s. de l'architecte local Bordes.

Eglise de Talence

(Notre-Dame de Talence, 1847)

 

Le reste de l'après-midi nous mène, en tramway bien entendu, vers le quartier des Chartrons. Il s'agit de l'ancien quartier portuaire au nord du centre-ville en descendant la Garonne. 

Docks Chartrons

(Entrepôts, quartier des Chartrons)

 

Longtemps à l'abandon, avec ses entrepôts désaffectés et une mauvaise réputation tenace, le quartier a été très bien réhabilité jusqu'à devenir le quartier branché de Bordeaux. Le quartier ne manque pas de charme et la promenade du bord de fleuve conjugue l'aspect agréable de la balade et celui de la flânerie dans les anciens entrepôts transformés en boutiques, restaurants, etc.

Docks réaménagés

(Quai des Chartrons, anciens entrepôts)

 

C'est le long de cette promenade que l'on aperçoit soudain un nouvel élément du paysage urbain bordelais : quatre tours brillantes, à l'aspect futuristes, qui sont en fait les piles de levage du pont Jacques Chaban-Delmas.

Pont Chaban Delmas

(Pont Jacques Chaban-Delmas, 2009-2012)

 

Chaban-Delmas, bien entendu, comme tout ce qui se construit à Bordeaux depuis quelques années... L'ouvrage d'art n'était encore visible que de loin, son inauguration par François Hollande ne devant avoir lieux que plusieurs jours après notre passage. L'ensemble est plutôt élégant et le système de levage du tablier à l'horizontale entre ces quatre énormes piles plutôt impressionnant.

Pont Chaban Delmas (2)

(Pont Jacques Chaban-Delmas)



Depuis ce pont ultra récent on aperçoit fort bien la courbure de la Garonne qui baigne la vieille ville et son pont de pierre, conçu deux siècles plus tôt pour relier les deux rives de la Garonne et surtout permettre à Bordeaux de s'étendre vers le quartier de la Bastide.

Pont de Pierre

(Pont de Pierre, 1810-1822)



Nous redescendons tranquillement le fleuve (techniquement, nous le remontons en fait), vers la grande place des Quinconces dont j'ai déjà beaucoup parlé sur ce blog. Au passage, nous remarquons la Bourse maritime, un élégant pastiche de l'immeuble de la Bourse, situé sur la place du même nom. Dans les années 1920, pour la Bourse maritime, il fut décidé de copier purement et simplement le pavillon central de l'oeuvre de l'architecte Gabriel, en lui rajoutant deux fenêtres, l'édifice original étant sans doute jugé trop étroit (vous pouvez comparer les deux immeubles en vous rendez un peu plus bas dans cet article).

Bourse maritime

(Bourse maritime de Bordeaux, 1921-1925)



Sur la place des Quinconces règne une certaine agitation ce jour-là. Il s'y tient un grand rassemblement de voitures anciennes. Tous les clubs d'amateurs du coin sont là. Les voitures ne sont vraiment pas quelque chose qui nous passionne ni l'un ni l'autre, mais il faut avouer qu'il y avait de belles pièces et que certains sont très doués pour retaper des carcasses et en faire des petits bijoux plein de classe.

DSCN4377

(Une Chevrolet, probablement une Corvette, 1974)

 

Couleur locale oblige, on ne pouvait pas ne pas remarquer cette superbe Ford T pick-up, particulièrement utile pour les livraisons de vin.

DSCN4380

(Ford T, 1923)



A part cette exhibition automobile, rien de neuf sous le soleil bordelais. Les chevaux de la fontaine des Girondins sont toujours aussi impressionnants malgré leur air un peu perdu dans cette fontaine sans eau - rigueur hivernale oblige.

Monument des Girondins (2)

(Fontaine des Girondins)



De là, nous regagnons le coeur de la ville, en passant par le Grand Théâtre et son péristyle, chef-d'oeuvre néo-classique de l'architecte Victor Louis, construit à la fin du XVIIIe s. à l'emplacement des ruines d'un ancien temple gallo-romain (les Piliers de Tutelle) et d'une partie du fameux et imposant Château Trompette.

Grand Théâtre (2)

(Grand Théâtre, 1773-1780)

 

Un peu plus loin en remontant la rue Mautrec depuis le Grand Théâtre, nous tombons sur l'église Notre Dame. Nous avions déjà croisé sur notre chemin cet édifice du plus pur baroque jésuite, qui ravive forcèment les souvenirs de notre séjour romain. Cependant, nous n'en avions jamais visité l'intérieur.

Eglise Notre Dame (2)

(Eglise Notre Dame, 1684-1707)

 

L'intérieur consiste en une étroite nef dont on ne soupçonnerait pas la longueur si l'on ne se fiait qu'à l'aspect extérieur de l'église. Cette nef plutôt sobre est dotée sur toute sa longueur de chapelles aux riches éléments décoratifs, particulièrement par le travail de ferronnerie et de peinture, qu'elle soit murale ou sur toile, du XVIIe au XXe s. Hélas, la plupart de mes photos ne rendent pas un juste hommage à la qualité de ces chapelles. Seule celle ci-dessous vous en donnera un aperçu - et l'on y distingue les peintures murales. L'autel, les retables, tout témoigne du même souci baroque de décoration, jusqu'au remploi de vases chinois montés en chandeliers! Cette église faut vraiment le coup d'oeil.

Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, par Roganeau, 1927-28

(François-Maurice Roganeau, Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, 1927-1928)

 

Nous rejoignons le Cours de l'Intendance, qui nous fait passer par la Cour Mably. C'est non loin de là que mourut, en exil, le peintre Goya auquel une statue rend hommage.

Statue de Goya

(Statue de Goya, Cour Mably)

 

Par cette rue l'on accède au superbe cloître de l'église Notre Dame, un très bel exemple d'architecture classique du XVIIe s. dont la sobriété tranche radicalement avec l'exubérance de l'église. Autrefois en péril, cet espace réhabilité est aujourd'hui partagé entre un espace culturel et la chambre régional des comptes.

 

Cour Mably (3)

(Cour Mably, ancien cloître, 1684)

 

Après une telle promenade, le réconfort à Bordeaux se trouve chez l'excellente maison Baillardran où l'on sert les meilleurs cannelés du monde. Pas difficile de les trouver, le succès est tel que la maison-mère a ouvert une quantité de boutiques dans toutes la vieille ville. Avec vente à emporter mais aussi dégustation sur place. Un bonheur.

Façade de chez Baillardran

(Vitrine de chez Baillardran)

 

Nous regagnons notre chambre, dans une des petites rues faisant le lien entre les rues Judaïque et Bonnac. Comme j'ai trouvé l'endroit excellent, je vous le recommande : les Séraphines - c'est le nom de l'établissement - est situé dans une rue tranquille, dans une maison bordelaise typique. L'endroit est plein de charme, l'accueil excellent. Certes, les prix ne sont pas donnés, mais ça vaut le coup pour un joli séjour en ville et c'est plus sympathique qu'un grand hôtel. Bref, nous nous y reposons et nous préparons pour la soirée...

Chambre d'hôtes

(Notre chambre)

 

... car ce soir, j'ai prévu une soirée spéciale, qui change du restaurant-promenade-hôtel : le fameux Grand Théâtre nous accueille pour une soirée d'opéra.

Grand Théâtre (4)

(Grand Théâtre, hall central : Therpsichore, muse de la danse)

 

Le lieu est vraiment superbe et mérite la visite. Quand en plus cette petite visite n'est pas celle d'un simple touriste mais qu'on y vient aussi pour le spectacle, c'est encore meilleur.

Grand Théâtre (3)

(Plafond de la salle du Grand Théâtre)

 

L'opéra qui se donnait ce soir là était Le dialogue des Carmélites, de Poulenc d'après l'oeuvre de Bernanos. Du français, du XXe s. et du pas très gai. Néanmoins, et sans être le moins du monde connaisseur, j'ai beaucoup apprécié ce qui était pour moi je dois l'avouer, ma première séance d'opéra. Il faut un début à tout et si les places ne coûtaient pas une fortune, l'expérience serait à retenter plus souvent.

Grand Théâtre, fosse d'orchestre

(Fosse d'orchestre vue depuis notre balcon) 

 

Le lendemain matin, nous nous permettons le luxe de prendre notre temps et de nous promener pour arriver à notre premier point de chute du jour. Nous passons donc par l'une des belles portes qui demeurent dans Bordeaux, la porte Dijeaux.

Porte Dijeaux

(Porte Dijeaux, 1748-1752)

 

Porte dont un petit lion, qui a plus l'air d'un chat voulant se donner de l'importance, nous donne la date d'érection.

Porte Dijeaux (2)

(Porte Dijeaux, détail)

 

En droite ligne depuis la porte, nous suivons la rue de la Porte Dijeaux jusqu'à la place de la Bourse, élégante création de Gabriel déjà signalée plus haut. Point central du Bordeaux classique du XVIIIe s., elle est un des fleurons de ce grand ensemble urbain très cohérent, sans doute l'un des plus beaux  exemples d'urbanisme du XVIIIe s. en France avec Nancy (mais qui n'était pas la France en fait à l'époque).

Place de la Bourse

(Place de la Bourse)

 

Et l'on pourra ici comparer le modèle - la Bourse - avec la copie signalée plus haut dans l'article : la Bourse maritime.

Place de la Bourse (2)

(Jacques Gabriel, Bourse,  XVIIIe s.)

 

Dans l'un des bâtiments encadrant la place, l'ancien Hôtel des Fermes, se tient un musée particulièrement original : le Musée national des Douanes. C'est ce lieu insolite et absolument passionnant qui sera l'objet de la prochaine note de ce blog - encore consacrée à Bordeaux, parce que j'aime prendre mon temps pour dire les choses...

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