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Nouvelle Feuille
25 octobre 2013

Cymru (6) : Nous ne sommes pas des numéros!

Si le titre de ce billet ne vous évoque absolument rien, vous allez d'urgence vous acheter ou télécharger l'intégralité de la mythique série Le Prisonnier, le chef-d'oeuvre télévisuel de Patrick McGoohan.

C'est bon? C'est fait? Bon, on reprend alors, vous regarderez tout ça une fois finie la lecture de ce billet. Ce matin-là donc, nous prenons un premier bus qui mène à Blaenau Ffestiniog, où nous changeons de bus de manière un peu aventureuse (le changement se joue vraiment à la minute près, en plein milieu du village). Nous arrivons au total en 3/4 d'heure à Minfford, une petite bourgade minière qui a surtout comme particularité d'être à une vingtaine de minutes de marche de Portmeirion, notre destination du jour. Une fois sur place, pas de risque de se perdre, la direction est clairement indiquée.

DSCN6659

(Vers Portmeirion)

 

Nous marchons en direction de Portmeirion, qui nous est indiqué tout le long du chemin par ce type de panneaux.

Bienvenue à Portmeirion

(Croeso = bienvenue)

 

Malgré le temps qui devient maussade pour la première fois depuis le début de notre séjour gallois, la promenade est agréable. Bien qu'il longe la route, le chemin est plutôt bien aménagé. Inévitablement, nous passons à côté des sempiternels parcs à moutons...

Mouton

(Heureusement, nous ne nous sommes pas amusés à compter tous les moutons vus dans ce pays)

 

Juste avant de bifurquer vers "le village" proprement dit, nous croisons le chemin du château de Deudraeth, une ruine médiévale relevée au XIXe s. et qui appartient également à l'ensemble voulu par Sir Clough William-Ellis à Portmeirion. Il sert aujourd'hui de restaurant et d'hôtel.

Castell Deudraeth

(Castell Deudraeth)

 

Et puis enfin, nous arrivons à l'entrée du village. Du village lui-même, nous n'en apercevons pour le moment rien, mais les quelques éléments qui se trouvent déjà ici laissent entrevoir le style de décor et sa grande fantaisie.

Entrée près du guichet

(Près de la billeterie)

 

Après avoir pris nos billets, nous suivons la route qui mène vers le village. Celle-ci nous mène à une première "porte" qui garde le passage.

Entrée du village

(Première porte)

 

Cette porte est construite directement sur le flanc de la colline dont on voit les rochers affleurer à l'intérieur de la structure. En levant la tête, on découvre que l'inspiration étrange du lieu n'a pas épargné la voûte.

Décor de la porte à l'entrée du village

(Voûte de la première porte)

 

Evidemment, après la première porte, on tombe une centaine de mètres plus loin sur une seconde porte, cependant loin d'être identique à son aînée.

2e porte

(Seconde porte)

 

C'est cette porte qui garde le village proprement dit. Le village de Portmeirion a été conçu par Sir Clough William-Ellis, un homme qui possédait le double avantage d'être à la fois architecte et millionnaire. A Portmeirion, auquel il consacre 50 années (1925-1975), il donne libre cours à sa créativité et fait oeuvre d'architecte, de paysagiste, de jardinier. L'ensemble est une sorte de "folie" géante, unique au monde car née de la volonté et du talent d'un seul homme.

Place centrale

(Place centrale du village)

 

Il est difficile de qualifier l'architecture de Portmeirion. On lit ici ou là qu'il s'agit d'un pastiche italianisant, ce qui semble le plus proche de la réalité. Mais tout n'est pas pastiche et tout ne rappelle pas les villages italiens. En réalité, ce qui nous est donné à voir est plus complexe, les inspirations en sont multiples et il est faux de réduire cela à un délirant pastiche. Il s'agit de la création d'un lieu nouveau, à la fois assez familier pour ne pas trop déstabiliser le visiteur, mais assez étrange pour laisser une impression de mystère.

Détail

(Un détail, à l'entrée du village)

 

On comprend parfaitement que Patrick McGoohan ait fait de ce village un véritable personnage, onirique et malsain, de sa série. Nous n'avons vu la série qu'à notre retour en France; nous n'avons donc pas pu jouer au petit jeu qui consiste à reconnaître les maisons des divers personnages ou les lieux vus dans divers épisodes (le village a peu changé entre 1969 et les dernières modifications de Clough William-Ellis en 1975).

Bibliotheque (maison du n°2)

(Vue du village)

 

On peut cependant le faire a posteriori, c'est assez sympathique. L'image ci-dessus par exemple nous montre le dôme et le portique de la bibliothèque, ce qui dans Le Prisonnier est la maison du Numéro 2.

Tandis que celle ci-dessous correspond à la mairie dans la série. Plus pragmatiquement, il s'agit aujourd'hui des toilettes...

Dans le prisonnier, c'est la mairie

(Dans le village)

 

Les bâtiments sont certes impressionnants par leur nombre et leur goût particulier. Mais l'un des grands charmes du village se trouve aussi dans une multitude de détails. Ainsi on trouve un peu partout cette sirène à deux queues, symbole de Portmeirion.

La sirène, symbole de Portmeirion

(Détail)

 

Mais l'on trouve aussi à de nombreux endroits des statues de saints, sans que l'on sache s'il s'agit d'une foi catholique de la part du créateur du village, d'une reprise d'éléments vu en Italie ou d'un simple parti-pris esthétique.

Vierge à l'enfant

(Vierge à l'enfant à l'arrière d'une maison)

 

Comme l'on s'en doute, le créateur d'un tel endroit ne devait pas souffrir d'une modestie exagérée. Pourtant, l'on ne trouve qu'à un endroit un hommage assez discret de l'architecte à lui-même, dans la meilleure tradition de ce qui se faisait au Moyen Âge (comme on l'a vu à Strasbourg (4e photo). Ainsi, encadrant une fausse porte gothique, on trouve les visages sculptés de Sir William-Ellis et son épouse.

Détail de sculpture, tête de Sir Clough William-Ellis

(Sir Clough Williams-Ellis (1883-1978), détail)

 

Mais il n'y a pas non plus que des créations à Portmeirion. Ainsi, cette superbe colonnade du XVIIIe s., qui se trouvait à Bristol promise à la destruction, a été rachetée par Sir William-Ellis et remontée ici. Un patrimoine sauvé de la destruction trouvait sa place au coeur d'une immense fantaisie architecturale.

Colonnade

(Colonnade néo-classique, vers 1760)

 

Les surprises peuvent surgir à tout moment, comme quand l'on s'approche d'une sorte de pigeonnier largement ouvert qui abrite, à notre grand étonnement, un grand bouddha!

Bouddha

(Bouddha)

 

Bien que très étonnant, ce village est relativement petit et possède surtout, outre des hôtels hors de prix, des boutiques qui vendent divers produits alimentaires locaux (nous y achèteront trois excellents cheddar) et des produits dérivés divers et variés. Nous décidons donc d'aller explorer un peu plus loin le domaine. De tenter de nous évader du village en quelque sorte...

Patio et village

(Le patio)

 

Nous prenons le chemin qui mène vers la plage, enfin vers le bord très ensablé du petit fleuve Afon Crygill. C'est là que l'on tombe sur le bateau de pierre, à jamais ancré à son quai puisqu'il n'est qu'une fantaisie de plus, qu'un élément de décor. Il est d'ailleurs utilisé dans Le Prisonnier.

Bateau de pierre (2)

(Le bateau de pierre)

 

Comme il y a une côte et un bateau, évidemment, il faut un phare... Il y en a d'autres, tous différents, le long de la côte de Portmeirion.

Phare

(Un phare)

 

Depuis là, l'on voit certes bien les bancs de sables et la côte d'en face, mais surtout, si l'on se retourne, l'on découvre une vue saisissante de l'ensemble du village.

Portmeirion

(Premier plan : le bateau de pierre, arrière-plan : le village)

 

C'est tout le plaisir de venir à cet endroit : il n'y a pas que le village proprement dit à voir; la visite n'est complète que si l'on part se perdre un peu dans la nature environnante, entre le fleuve et la forêt, le tout ponctué de "découvertes" (merci le plan) d'éléments d'architecture qui en font une sorte de parc à fabrique.

Roches (2)

(Les formations géologiques du coin sont cools)

 

C'est ici précisèment, près de cet étroit passage qui mène sur une plage, qu'on a la vision du Prisonnier qui nous revient. Et c'est là que l'envie de courir en criant "Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre" nous prend. Jusqu'au moment où l'on pose le pied sur le sable et que ce dernier nous répond par un grand "schmurcle" qui dissuade d'avancer plus pour ne pas se faire sablemouvanter. Tant pis, nous resterons des numéros.

Bancs de sable du fleuve Afon Crigyll

(LA plage)

 

Nous avons longé la côte un bon moment avant de remonter à travers la forêt. Une forêt très aménagée tout de même, avec de très beaux massifs de fleurs ici et là, entre deux arbres tourmentés par le vent.

Dans la forêt

(Parfois, le vent souffle)

 

L'on suit les chemins et soudain, l'ambiance change et l'on retrouve l'esprit des parcs à fabriques du XVIIIe s. : c'est le jardin japonais qui se dévoile : la mare, le petit pont et une gloriette appelée pagode.

Pont et jardin japonais (2)

(Jardin japonais)

 

La bonne idée est d'avoir mis de la fantaisie jusque dans les petites tables de pique-nique en bois. Cet ourson souriant ne sert à rien, strictement à rien. Il égaie simplement le lieu.

Aire de pique nique

(Aire de pique-nique)

 

Les petits chemins bordés de fleurs finissent par nous ramener vers le village. Faute de temps, nous n'explorerons pas les moindres recoins du bout du domaine, ni le cimetière pour animaux. En revenant vers le centre, nous découvrons l'ancien château, ou plutôt ce qu'il en reste. Dans les ruines d'une sorte de tour médiévale, quelques canons bien rouillés ont été disposés. Pour rappeler le rôle défensif du lieu autrefois? Ou pour empêcher le numéro 6 de s'échapper?

Ancien château (2)

(Ancien château)

 

A proximité, une petite gloriette nous dévoile une autre vue magnifique du village.

Village vu du haut

(Le village)

 

Dans le village, nous profitons un peu des boutiques avant de repartir. Comme je l'ai signalé, il y a essentiellement trois types d'objets : les objets en céramiques et autres terres cuites réalisés localement, les produits alimentaires locaux (le cheddar à l'ail, une merveille!) et les produits dérivés du Prisonnier et du Docteur Who. Mention spéciale pour les peluches daleks!

Daleks en peluche!

(Exterminate!)

 

Après un dernier petit tour et un petit peu de repos avec la compagnie frétillante d'un rouge-gorge, nous nous mettons en route pour quitter le village.

Rouge gorge

(Rouge-gorge)

 

Comme aucune grosse boule blanche ne nous poursuit pour nous empêcher de nous échapper, nous remontons donc vers Minfford, en passant par le château croisé à l'aller. A Minfford, nous avons pas mal d'attente avant que ne vienne à passer le bus qui nous emménera vers Aberystwyth où nous devons passer la soirée et la nuit. Alors on marche un peu, on s'étonne des immenses carrières qui jouxtent le village et on écrit les dernières cartes postales.

Carrières de granite

(Carrières de Minfford)

 

J'espère que vous aurez apprécié cette belle balade dans un village hors du commun et si mythique pour des générations de téléspectateurs. Malgré son prix assez élevé, c'est clairement un incontournable du nord du Pays de Galles, à conseiller. Mais l'endroit vaut le coup d'oeil, surtout quand il n'est pas surfréquenté.

Retour à Minffordd (2)

(A Minfford)

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